Une vie volée
188 pages
Français

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Description

Avant sa naissance les dés étaient jetés.
C’est un long et douloureux chemin que va parcourir Maryvonne tout au long de sa vie. Une vie subie, faite de résignations et de culpabilisations jusqu’au renoncement
d’elle-même.
Enfant puis femme, Maryvonne va accepter, comme des miliers de femmes, le poids de la société, les injustices sexistes. Elle souffre de l’indifférence qu’elle subit. C’est intolérable comme une torture insidieuse qui la ronge, la détruit. Elle n’est que la fille de... la sœur de... la femme de... mère de... Sera-t-elle un jour reconnue pour elle-même ? Va-t-elle faire le pas qui peut la conduire à sa propre existence ? Pourtant Maryvonne est une fille puis une femme rebelle. Durant toutes ces années, elle va combattre les injustices... pour les autres.
Son parcours de femme militante va la conduire à vivre la contradiction d’être une femme engagée mais qui n’a aucune estime d’elle-même. Jusqu’où pourra-t-elle accepter l’inacceptable ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 février 2020
Nombre de lectures 40
EAN13 9782414402397
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
194 avenue du président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-40258-8

© Edilivre, 2020
à toutes les femmes qui luttent pour leur émancipation
« La société traite la femme non seulement comme un sexe biologiquement distinct, mais presque comme une race, une nation ou une classe séparée… : aucune race, aucune classe ni aucune nation n’est assujettie à un esclavage aussi systématique que la réduction au statut de femme au foyer.
Les mariages ou les relations issus de besoins sexuels individuels et de concepts familiaux traditionnels peuvent conduire aux déviations les plus dangereuses sur le chemin d’une vie libre.
Sans égalité entre les sexes, aucune exigence de liberté et d’égalité ne peut avoir de sens ».
Abdullah Öcalan
Remerciements
à Lydia et Édouard qui m’ont encouragé à publier ce livre
à Antonine pour sa relecture attentive
à Anne-Marie et Martine
à Florent Jouffrey qui a créé la première de couverture
Que tu étais belle, petite poupée de cire, aux traits fins, ton visage d’une pureté d’ange auréolé de beaux cheveux d’un brun d’ébène.
Miracle de la vie, union de deux cellules, tu n’as pas eu le temps de finir de mûrir dans le ventre douillet et protecteur de ta mère.
Enfant tellement attendue, tellement désirée, prolongation de la vie, tu étais l’accomplissement de la femme qui voulait devenir mère et avait peur d’être stérile, qui avait peur du temps qui passe, tu étais le fruit de l’amour, la reconnaissance du rôle que la société d’alors donnait à la femme.
Enfant lumière, enfant bonheur, centre de l’univers, tu n’as pu retenir ta vie que quelques heures.
Ta vie si brève fut elle, tes yeux se sont ouverts pour inonder le cœur de ta mère, tes pleurs, même faibles, ont fait vibrer ses sens.
Tu es retournée au néant sans que ton deuil soit fait et tu as laissé à jamais une blessure dans les entrailles de ta mère, de notre mère. Je suis arrivée après toi
Ce n’est pas moi que notre mère voyait, c’est ton image qui se dressait comme un écran entre elle et moi.
Je n’existais pas vraiment car tu étais là, entre nous. Tu as continué à vivre dans le cœur de notre mère. Son regard s’est figé sur ton image furtive de perfection qu’elle a fait grandir au fil du temps. Aujourd’hui tu me manques. Je vais te raconter ma vie.
Chapitre 1
Il fait beau ce jour là. Une belle journée d’automne. Le soleil est déjà haut dans le ciel et il fait chaud. Prosper coupe du bois avec un voisin. Odette se repose, assise sur une chaise. Elle attend son premier enfant. Elle est déjà un peu âgée et dans le village ça jase. Les gens disent qu’elle ne peut pas avoir d’enfants, qu’elle n’est bonne à rien. Alors cet enfant elle l’attend comme un cadeau qui lui vient du ciel. Elle le sent bouger dans son ventre, ça la remplit de bonheur. Enfin, elle va donner la vie.
Patou est couché à ses pieds. C’est un chien berger avec un magnifique pelage noir brillant. Il suit du regard les moindres gestes de ses maîtres. Quand ils lui disent de se coucher il obéit tout de suite. C’est un bon chien.
« Odette va nous chercher à boire » dit Prosper.
Elle se lève lourdement, monte à l’échelle pour aller chercher des verres et une bouteille d’eau. Le travail est pénible, il fait chaud et les hommes ont soif avec une chaleur pareille.
En descendant de l’échelle les mains encombrées, Odette glisse et tombe sur le dos.
Prosper se précipite pour la relever mais elle a très mal au ventre.
Prosper court chez monsieur Rolland qui habite dans un autre hameau du village. Il est le seul à posséder une voiture.
Le village de Pelvoux est un petit village qui s’étire au creux d’une vallée encerclée de hautes montagnes.
La ville la plus proche se trouve à 12 Km. Pour y accéder il n’y a qu’une petite route sinueuse. Elle suit les caprices du torrent qui dévale des glaciers environnant.
Après un long moment qui parait interminable Prosper et monsieur Durand arrivent.
Prosper est inquiet, c’est que le bébé ne doit arriver que dans 3 mois.
Odette souffre beaucoup, ses mains sont crispées sur son ventre. Sa respiration est saccadée.
On l’installe sur la banquette arrière de la voiture. Que cette route semble interminable.
Lorsqu’ils arrivent enfin au dispensaire, la religieuse qui les accueille dit à Prosper qu’il ne peut pas rester avec sa femme, qu’elle va lui faire une visite, qu’il doit attendre dans le couloir ; alors Prosper fait les cent pas.
Odette est terrifiée, elle a de plus en plus mal. La sœur lui fait des piqûres pour arrêter les contractions mais rien n’y fait, le bébé arrive.
Odette est groggy par les piqûres et les médicaments ; elle aperçoit son bébé qui a de grands cheveux bruns puis, plus rien.
Quand elle se réveille, la religieuse lui dit que son bébé n’a survécu que 3 heures et que, s’il y avait eu une couveuse comme dans les hôpitaux, elle serait toujours en vie. C’était une petite fille, elle s’appelait Marie-Agnès.
C’est Prosper qui porte le petit cercueil en terre. Tout le village est réuni. Odette, elle, est toujours à l’hôpital. Elle entend les pleurs des nouveaux nés et ça lui arrache des larmes de désespoir. Lorsqu’elle revient à Pelvoux elle va au cimetière sur la tombe de sa fille, Marie-Agnès, mais il n’y a ni fleurs ni inscription, à part un petit carré de terre remuée, comme si sa fille n’avait jamais existé. Odette est anéantie, son visage si doux s’est assombri, ses traits sont tirés, ses jolis yeux noisette sont remplis de tristesse, son corps mince et élancé s’est un peu voûté. Souvent elle serre ses bras sur son ventre creux comme pour retenir quelque chose. Prosper ne parle jamais de Marie-Agnès. Pour ne pas voir la souffrance de sa femme il sort beaucoup plus qu’avant, il a toujours de bons prétextes. Son visage rond, jovial avec des yeux d’un gris perçant plissés à cause du soleil, la cigarette au coin de la bouche il ne laisse rien paraître.
Odette voit sa silhouette robuste et trapue s’éloigner de la maison.
Elle reste seule avec Patou et toutes ses interrogations. « Mais qu’ai-je fait au bon dieu pour mériter ça ? ». La joie d’accueillir ce petit être s’est transformée en un affreux cauchemar qu’elle n’arrive pas à admettre.
Elle passe de longues heures perdues dans ses pensées avec sa solitude qui lui pèse.
Pourquoi sa fille tant désirée n’est pas auprès d’elle, que s’est-il passé ?
Elle entend sans cesse tambouriner dans sa tête : « Odette va nous chercher à boire ». Si au moins elle n’avait pas écouté son mari, rien ne serait arrivé ; elle lui en veut, elle en veut à la terre entière, son petit ange tant désiré, son enfant pourquoi est-elle morte ? Elle l’a pourtant bien vu vivante, ce n’est pas possible qu’elle soit partie comme ça. Elle revoit ses longs cheveux bruns, d’un noir d’ébène.
Et puis lorsqu’on est mort on vous enterre et elle, elle n’a pas vu l’enterrement de sa fille ; elle n’y croit pas, elle a simplement vu un peu de terre retournée.
Lorsque Prosper rentre, Patou bouge frénétiquement la queue et jappe. Odette sert la soupe qui est prête depuis longtemps, en silence. Prosper ne parle pas beaucoup non plus, il donne quelques nouvelles du village mais Odette ne l’écoute pas, il mange sa soupe et sort fumer sa cigarette.
Patou le suit. Prosper parle à son chien qui ne le quitte pas des yeux. Il regarde le ciel pour savoir le temps qu’il fera le lendemain.
Odette débarrasse rapidement la table, fait la vaisselle et va se coucher. Comme tous les soirs depuis la mort de leur fille elle fera semblant de dormir quand Prosper vient se coucher à son tour. Elle sent son corps frôler le sien, le souffle de sa respiration chaude dans sa nuque, il se rapproche d’elle mais n’ose pas la toucher, pas encore, il faut que le temps passe. Elle respire à peine, se raidit un peu plus puis Prosper se tourne et bien vite se met à ronfler. Elle, comme toutes les nuits, restera éveillée longtemps puis finira par s’endormir d’un sommeil agité.
Le matin elle se lève à l’aube, fait sa toilette dans l’évier et va chercher du bois pour allumer le feu et faire le café. Prosper se réveille un bon moment après, il s’habille, vient à l’évier pour asperger son visage ce qui le réveille parfaitement.
La vie reprend pourtant son cours. Il faut s’occuper des bêtes. Il y a cinq brebis et quatre agneaux qui sont en montagne pour l’été. Avant les premières neiges, Prosper ira les chercher. Et puis il y a des poules et des lapins. Le foin de l’été est remisé mais il reste le « regain » à faucher, les pommes de terre à rentrer et le bois à terminer car il en faut beaucoup, l’hiver est rude et long en montagne et il faut une bonne réserve pour se chauffer.
Mais il y a la chasse. Prosper ne rate pas une occasion pour y aller. Il prend souvent sa longue-vue pour scruter la montagne et, s’il voit des chamois, il va au rendez vous des chasseurs et ils décident de la stratégie à adopter. Ils forment souvent des équipes de deux ou trois chasseurs, un chasseur qui rabat le gibier et deux qui se postent au passage des chamois. Prosper fait souvent équipe avec « Bert » et Benjamin. Parfois il va aussi avec Tiapa mais celui-ci n’est pas souvent à Pelvoux car il habite Paris.
Prosper est guide de haute montagne comme la plupart des hommes de la vallée. Il a passé son diplôme en même temps que Tiapa originaire de Paris.
Tiapa et Daniel, un autre guide du Queyras qu’il a connu en faisant des compétitions de ski, ont été acceptés dans la fraternelle des guides de Pelvoux avec l’aide de Prosper. L’été Daniel et Tiapa logent dans la grange car il n’y a pas de place dans la maison, mais ils sont contents d’avoir un endroit pour dormir.
Pour ce qui est de la chasse, les chasseurs partent avant l’aube pour se « 

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