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Description
Sujets
Informations
Publié par | Les éditions Dreams Workshop |
Date de parution | 25 mai 2023 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782925229384 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Publié pour la première fois en mai 2023
Les éditions Dreams Workshop
1118, rue Saint-Édouard, Saint-Urbain de Charlevoix
(Québec) G0A 4K0
www.editionsdreamsworkshop.com
Illustrations par Sophie Guillemette
Couverture et mise en page par Scarlett Ecoffet
Photographie de l’auteure par Véronique Fournier
© 2023 Les éditions Dreams Workshop
© 2023 Marie-Michelle Savard
ISBN : 978-2-925229-38-4
Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou production intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon. Une permission spéciale, d’en reproduire une portion, est accordée pour les critiques littéraires.
Avis de non-responsabilité
Les événements relatés dans cet ouvrage sont de la fiction et toute ressemblance avec des personnages ou des événements ayant réellement existé est fortuite.
Les éditions Dreams Workshop General Partnership ainsi que l’auteure ne peuvent être tenus responsables des préjudices causés par la lecture de cet ouvrage.
Merci, et bonne lecture!
À mon époux et mon fils, qui rendent ce roman si réel.
Prologue Gabrielle
Nous vivons sur le Dernier continent, la dernière surface habitable de la Planète. Nos ancêtres s’y sont réfugiés à la suite de la destruction de leur monde. On m’a toujours dit que leurs excès, la science et l’appât du gain ont eu raison d’eux.
Mon grand-père m’a enseigné tout ce qu’il savait au sujet de La Colère de la Planète . C’est ainsi que l’on nomme la fin de l’Ancien Monde.
Ensemble, nous avons parcouru des centaines d’ouvrages à la bibliothèque. Nous avons lu sur les avions qui volaient dans le ciel et sur des sciences qui nous semblent aujourd’hui insensées.
Mes livres préférés étaient ceux qui montraient des paysages et des animaux maintenant disparus. Ils me faisaient tant rêver! Je m’imaginais me balancer sur des lianes ou glisser sur la glace avec des pingouins. Des choses bien vivantes dans mon imagination, mais impossibles dans le monde actuel. Tout ceci n’existe plus.
Ces images ne se trouvent désormais que dans ma mémoire, car il y a quelques années, l’unique bibliothèque fût détruite dans un grand incendie. Le peu de connaissances qu’il nous restait a alors été réduit en cendres, brisant du même coup mon coeur en mille miettes. J’aimais tant découvrir les secrets de l’Ancien Monde et me plonger dans cet univers!
Malgré cette tragédie, l’objectif que mon grand-père s’était donné était accompli : il voulait que je voie les erreurs de mes ancêtres, et que je saisisse toute la portée de leurs actes et de leurs choix. Il m’a appris que l’Ancien Monde a été détruit par la technologie, et que les gardiens de la connaissance avaient leur raison d’être : la science a pollué l’air, la terre et l’eau. On se doit d’être raisonnable.
Pour répliquer à l’exagération de nos ancêtres, la Terre s’est réchauffée, et des blocs de glace plus gros que le continent ont fondu, noyant ainsi une grande partie du territoire. Des milliers d’espèces d’animaux ont alors disparu, et une flore magnifique s’est éteinte.
Aux enfants, on explique que la planète s’est fâchée, et qu’elle a ravagé le monde par des catastrophes naturelles. Certains disent que c’était pour nous punir, d’autres pensent que c’était pour se guérir. Mais on nous enseigne surtout qu’on doit préserver ce qu’il nous reste, sinon, nous serons perdus.
Lorsque j’étais enfant, je voulais participer à la conservation de la forêt et devenir une bûchette 1 . L’idée de protéger nos ressources et de prendre soin de la planète me faisait vibrer. J’ai longtemps cru que c’était ma voie, mais l’amour m’a fait changer de cap. Je vis désormais loin des forêts, dans le quartier de l’hôpital. J’y élève mon fils, que j’aime par-dessus tout, avec mon mari.
1 Nom donné aux femmes qui préservent les forêts.
Le Nouveau Monde est divisé en trois territoires : le pays de l’Est, celui de l’Ouest et la Zone morte. On appelle cette dernière ainsi parce que rien n’y est cultivable. Les fondateurs n’y ayant trouvé aucune valeur, elle demeure donc, à ce jour, inhabitée. Aucun des deux gouvernements ne l’a même réclamée.
Deux gouvernements se séparent le reste, l’Est et l’Ouest. Ensemble, nous survivons grâce au partage des ressources, un
système possible grâce à L’Accord, signé il y a plus de 300 ans. Il se résume à une loi qui promet la répartition de nos richesses, et une indépendance dans la gouvernance de chacun. Un mur a même été érigé pour que chacun vive de son côté : on ne se mêle pas de leurs affaires, et eux ne le font pas avec les nôtres.
L’Accord n’a jamais été remis en question : l’un détient les récoltes des terres fertiles et l’autre possède la forêt et les lacs.
Nous sommes complémentaires.
Le partage a toujours été simple et respecté, jusqu’à tout récemment. Le président de l’Ouest, que l’on surnomme le président-roi, nous a fait goûter à la peur et à la faim. Sans préavis, il a fermé les frontières, nous laissant sans aliments frais pour nous nourrir. Six mois de négociations, entre notre responsable des échanges et l’Ouest, ont été nécessaires afin de rouvrir la Zone de partage.
L’accès aux aliments est à présent rétabli, mais une appréhension demeure. On redoute l’imprévisibilité du président-roi et on craint une nouvelle crise.
Malgré tout, je vis heureuse avec ma famille.
Je m’appelle Gabrielle, et ce monde est mon héritage.
PARTIE I GABRIELLE
Chapitre 1
Couchée à l’arrière de la caravane, je réfléchis au fait qu’on aurait pu éprouver beaucoup de plaisir, installés de cette façon. Il est facile de l’imaginer sauter de joie à l’annonce d’une « nuit spéciale » dans la voiture. Il aurait adoré que je cuisine des sucreries et que je prépare une recherche de constellations. L’activité se serait terminée avec nous blottis l’un contre l’autre sous les couvertures, heureux d’avoir partagé un moment mère-fils.
Je m’en veux de ne pas y avoir pensé avant!
Ce soir, toutefois, c’est tout sauf drôle. L’angoisse me donne des nausées, et les efforts que je dois accomplir pour ne pas le lui montrer m’épuisent.
Avec la force qu’il me reste, j’ignore les pensées qui se chamaillent dans mon esprit. L’une après l’autre, elles jouent au yo-yo avec ma capacité à demeurer calme.
Je n’ai aucune idée de l’endroit où l’on se trouve.
La batterie du moteur est vide.
Je suis séparée de Max.
Notre maison est détruite.
Tout ce qui nous reste est entassé dans la voiture.
Et mes amis sont probablement tous morts.
Ma poule gigote et rouspète dans sa cage, posée sur le banc avant. Je ne peux que compatir à sa frustration : tout comme moi, elle a été arrachée à sa maison. On a dû quitter notre foyer pour se retrouver devant un avenir incertain et terrifiant.
La voiture s’est arrêtée au milieu d’une forêt que je ne connais pas. Je tente de me rappeler les cartes du territoire qu’il me fallait mémoriser en tant qu’apprentie-bûchette, mais j’en suis incapable. Il m’est totalement impossible de réfléchir et de mettre de l’ordre dans mes idées, la peur et le deuil prennent toute la place.
— Maman?
— Oui?
— Je t’aime, me dit-il, en serrant ses petits bras autour de mon cou.
— Je t’aime aussi Zach, plus fort que la vie.
— Maman, comment papa va nous retrouver?
Ma gorge se noue. Il me regarde avec toute son attention et attend patiemment une réponse. J’aimerais tant pouvoir lui en donner une satisfaisante, qui le rendrait heureux, mais je ne peux pas.
— Je n’en ai aucune idée, Ti-Chat, mais lui, il le sait. C’est l’important, non? dis-je, en essayant de lui inspirer de l’espoir sans trop lui mentir.
— Bientôt, maman?
— Aussi vite qu’il le pourra.
Je me mords les joues, car je danse avec la ligne du mensonge. Que devrais-je lui répondre?
— Approche-toi, j’ai un secret! me demande-t-il, avec un air conspirateur dans les yeux.
— On est déjà tout collé!
Je ris pendant qu’il essaie de monter sur moi.
— Plus près, me chuchote-t-il.
Il place sa petite main autour de mon oreille, ça me chatouille. Je ricane et participe au jeu en faisant semblant que quelqu’un pourrait nous entendre. Pendant ce bref instant, j’ai oublié les derniers événements, et me laisse porter par la magie de mon enfant.
— Moi, je ne l’aime pas le président-roi! finit-il par me dire avec fermeté.
Ses yeux bleus me regardent avec une intensité beaucoup trop forte pour mon coeur de maman. Jamais encore je n’avais perçu cette émotion venant de mon fils, et ça me met mal à l’aise.
Étrangement, il a sonné comme un « grand » plutôt que comme un enfant. Est-ce que la pluie de feu lancée par l’Ouest l’aurait déjà changé? A-t-il perdu un morceau de son enfance en voyant les gens de son quartier sous la panique?
— Moi non plus, Zach… Allez, c’est l’heure de dormir. Ferme les yeux.
Tout blotti contre moi, avec ses cheveux blonds qui me chatouillent la joue, je lui chante une berceuse et lui caresse le dos, espérant qu’il s’endorme rapidement. Cette journée doit se terminer, je n’en peux plus.
Avec un peu de chance, je me réveillerai demain en réalisant que ce n’était qu’un cauchemar.
C’est ridicule comme pensée; il n’y a rien de plus réel de ce qu’on vient de vivre. Un cauchemar, certes, mais bien vivant.
La respiration de Zach est désormais régulière, il s’est endormi.
Mes lèvres sur son front, je dépose un baiser. La peur que j’ai réprimée tout au long de la journée me remonte dans la gorge, et je refoule un sanglot.
J’aurais pu le perdre, il aurait pu être blessé ou frappé par un missile.
Afin de retenir mes larmes qui menacent de faire surface, je ferme les yeux avec force. De plus en plus fort. Si je m’abandonne à mon chagrin, s’il m’