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Description
Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller avec cette sensation de déjà-vu ?
Sauriez-vous faire la différence entre le vrai et le faux ?
Avez-vous une confiance absolue en vos proches ?
Nick semble mener une vie tranquille, entouré de sa femme et de ses voisins. Pourtant, le jour où des amis de longue date arrivent, son existence tout entière va basculer dans l'étrange et l'impensable.
Réalité ? Psychose ? Quelle preuve avez-vous finalement de votre réalité ?
Sujets
Informations
Publié par | Taurnada Éditions |
Date de parution | 14 novembre 2019 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782372580618 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Noël Boudou
Extrait de
Benzos
© 2019, Taurnada Éditions – Tous droits réservés
Avant-propos
Lorsque l’on va chez le médecin pour une douleur au genou, celui-ci vous fait passer des examens pour en trouver la cause et pouvoir y remédier. Lorsqu’on va chez le médecin parce qu’on ne dort pas plus de quelques heures deux nuits par semaine, son premier réflexe est de prescrire des somnifères. J’ai avalé mon premier à l’âge de quinze ans, je m’en suis débarrassé à quarante.
J’ai consulté un nombre incalculable de spécialistes, le seul bénéfice a été pour eux. Des centaines d’euros pour, finalement, m’en sortir seul.
Ce livre n’est pas mon histoire, bien que j’aie connu ces excès, mais j’avais peut-être tout simplement besoin de l’écrire pour exorciser ces vingt-cinq ans de cauchemars. Ces vingt-cinq ans pendant lesquels, pas une fois, je me suis endormi naturellement sans avoir glissé quelques comprimés sous ma langue.
Prologue
Hier soir, j’ai fait l’amour à ma femme. Cela arrive assez souvent, mais cette fois-ci était meilleure que jamais. C’était tendre, long, puissant, magique.
Ce matin, elle est encore au lit. Un long voyage l’attend, son retour me tarde pour que l’on puisse renouveler l’expérience. Que ce soit encore plus tendre, plus long, plus puissant, plus magique. Lorsque je rentrerai cet après-midi, elle ne sera plus là, nos vieux amis, Pierre et Catherine, qui arrivent ce soir pour quelques jours seront déçus. Mais cela ne nous empêchera pas d’avoir de bons moments ensemble. Comme au bon vieux temps. Quand nous pouvions boire des bières jusqu’à plus soif, fumer des joints sans nous demander si tout cela était bien de notre âge, passer des nuits blanches à refaire le monde sans avoir peur de ne pas tenir le coup le lendemain.
J’aime ma femme, passionnément, à la folie. Notre couple battait de l’aile, mais il y a quelques jours nous avons eu une très grosse dispute qui s’est terminée en une discussion très constructive puis en une nuit de dingue.
Ce soir-là nous n’avons pas fait l’amour. Nous avons baisé, comme des ados qui découvrent le sexe. Comme des vieux qui n’ont plus que ça pour se sentir vivants. Nous avons baisé longtemps, une bonne partie de la nuit, puis nous avons remis ça au réveil.
Depuis ce soir très particulier, nous ne nous disputons plus. Je lui parle beaucoup, ce que je ne faisais que très rarement auparavant. Notre amour a survécu, plus fort que tout. Il aura fallu qu’elle me trompe pour que je réalise que les soirées passées dans ma pièce de musique à travailler mes gammes sur ma basse pendant qu’elle s’ennuyait devant la télé étaient en train de nous tuer. De tuer notre amour et notre couple. Ça ou autre chose… Il n’y avait pas que cela bien sûr, mais c’est du passé et je n’ai plus envie d’y penser.
Nous nous sommes retrouvés ce soir-là, dans la fureur de notre dispute, dans les cris, les pleurs, les insultes qui fusaient dans la maison comme des balles de ping-pong devenues folles, dans l’étreinte du soleil couchant. Dans les orgasmes de la nuit et la violence des mots prononcés.
Nous nous sommes retrouvés. Nous avons retrouvé notre amour, planqué sous un tas de linge. Puant et sale. À coups de larmes, de sueur, de sperme et de cyprine, nous l’avons décrassé. Fait reluire pour qu’il devienne aussi brillant et immense qu’au premier jour. Nous avons fait jouir notre amour et l’avons embrassé pour le réveiller comme dans un conte de fées.
Je n’en peux déjà plus de son absence alors qu’elle n’est pas encore partie.
1
Je monte l’embrasser sans un bruit. Je pourrais lui faire l’amour, encore, mais ma chef commence sérieusement à désapprouver mes retards de plus en plus fréquents ces derniers temps. Ma chef est une pourriture. J’aimerais tellement m’occuper d’elle un jour. J’en prendrais grand soin pour qu’elle réalise enfin quel bon élément je suis. Qu’elle constate que je suis peut-être bien le meilleur employé du service mortuaire de l’hôpital.
La journée passe tranquillement. Il n’y a eu qu’un décès pendant la nuit et aucun pendant ma garde. J’entreprends un grand nettoyage ; bien que nos patients ne risquent aucune infection, nous devons travailler dans un environnement sain. Les mauvaises odeurs gagnent toujours la bataille, mais nous faisons toujours le nécessaire pour qu’elles restent discrètes. Autant que possible.
Ma chef fait sa ronde habituelle, me félicite en voyant le service rutilant et m’autorise même à prendre une heure. J’aimerais refuser juste pour la contrarier, mais j’ai beaucoup à faire avant l’arrivée de nos amis. Cette garce ne peut s’empêcher d’ajouter à ses compliments le petit « vous voyez quand vous voulez » assassin qu’elle affectionne tant. Il serait tellement facile de l’étouffer entre un brancard et le mur, et de balancer ses cinquante kilos dans un frigo…
Tu vois, quand je veux je te tue, pétasse !
… Seulement, ce n’est pas dans ma nature. Je suis quelqu’un de calme et de réfléchi. On ne tue pas les gens pour une petite réflexion désagréable. Non, ça ne se fait pas.
Ni vu ni connu je te tue, salope !
Je quitte mon premier sous-sol et monte rejoindre le vestiaire pour me changer. Il n’y a pas de musique dans les ascenseurs des hôpitaux, par contre, dans ma tête il y a toujours une petite mélodie. Aujourd’hui cette petite mélodie est un ensemble des hurlements qu’aurait pu pousser ma chef avant que je ne lui pulvérise le crâne en claquant dessus la porte d’un des frigos.
Toi qui ne sais pas fermer ta gueule, ouvre cette porte, sale garce !
J’aime bien mon boulot. Ce n’est pas le plus épanouissant que j’aurais pu trouver, mais c’est généralement assez calme et il me laisse pas mal de temps libre pour jouer de la musique à plein volume, en pleine journée.
Arrivé à la maison, j’allume la chaîne hi-fi et y insère un album de mon groupe préféré. Au rythme des guitares furieuses et saturées, je me lance dans un grand ménage. Si notre maison est toujours propre, elle n’est pas forcément en ordre.
L’absence de Chloé, ma femme, est lourde. Son poids pèse sur la baraque et m’étouffe.
Je monte le volume et redouble d’ardeur. Les bouquins déjà lus retrouvent leur place dans la bibliothèque, le linge est plié puis rangé, les disques de Chloé sont glissés dans leurs boîtiers (les miens sont toujours impeccablement classés selon une méthode de tri connue de moi seul). Un coup d’aspirateur et de chiffon pour chasser la fine pellicule de poussière des meubles et tout brille comme un sou neuf.
Je monte prendre une douche et me changer avant de filer faire des courses. Si on veut boire des bières, il doit y en avoir dans le frigo. Si je veux leur faire oublier la déception de ne pas voir Chloé, il va falloir les faire picoler et bien manger.
Je commande un bon rôti de bœuf pour cinq personnes tout en sachant qu’il n’y aura pas de restes.
En rentrant chez moi, j’aperçois ma chef qui fait le trottoir. En tout cas, qui marche dessus. Pendant une minute je m’imagine en train de donner un violent coup de volant sur la droite au moment où je vais la dépasser.
Tu veux goûter mes 19 pouces, coquine ? Désolé pour les traces de freins sur ta tronche !
Mon portable se met à hurler un riff de Metallica. Pierre. Tout effet de surprise est annihilé par ce simple écran.
« Alors, Nick, ça nique ? »
Un éclat de rire me transperce le crâne. Une des blagues favorites de mon ami. J’avoue qu’il y a quinze ans cela me faisait beaucoup rire. Il y a quinze ans. J’avais toujours ma réponse toute prête.
« Et toi, Pierre, ça roule ?
– C’est bon de t’entendre d’aussi près. Juste pour te dire que nous aurons un peu de retard, il y avait du monde et on a fait une pause pour boire un coup. Il fait une chaleur à crever dans ton bled.
– Oh, pas de souci, vous serez là pour manger quand même ?
– Si tu as prévu de manger après l’apéro, alors oui, on compte bien être là pour ce moment sacré.
– Super, tu as trouvé l’adresse sur le GPS ?
– Ouais, monsieur me guide jusque devant ta porte, mon pote !
– Super, alors à tout à l’heure. Soyez prudents sur la route.
– Aussi prudent qu’une Mère supérieure qui fait la toilette du curé. »
Pierre est de ces hommes qui inventent des expressions comprises par eux seuls. Mon ami de toujours. Pierre.
2
La maison est impeccable, j’ai mis la table dehors sur la terrasse à l’abri du parasol. Pierre m’a envoyé un SMS pour dire qu’ils seraient là d’ici une demi-heure. Le temps de boire une bière pendant que le rôti cuit.
Trois ans que nous ne nous sommes pas vus. Chloé et moi avons dû déménager pour son boulot et depuis nous n’avons ni les uns ni les autres trouvé le temps de se voir. Lorsqu’ils nous ont contactés il y a deux mois pour nous dire qu’ils allaient enfin pouvoir venir passer quelques jours à la maison, Chloé et moi avons sauté de joie. Puis il y a eu sa promotion et ce voyage pour une formation relative à son nouveau poste. Je n’ai pas encore eu le courage de leur annoncer la nouvelle, préférant attendre qu’ils soient arrivés.
Une voiture s’engage dans l’impasse, les multiples coups de klaxon m’indiquent que ce sont eux. Pierre est un maniaque du klaxon, le voisinage va être ravi.
Une portière claque et une sonnette résonne. En face de chez moi. Je me précipite au portillon et vois Pierre, de dos, en train d’attendre devant le portail de mes voisins. Partis en vacances.
« Ton GPS a attaqué l’apéro avant nous ? je crie.
– Nick ! Bon sang ! arriver jusque-là et se tromper de maison !
– Fais demi-tour et reprends tout à zéro, tu as dû te tromper quelque part. »
Pierre éclate de rire et remonte dans sa voiture pour venir se garer au bon endroit.
Il se précipite sur moi pour me serrer dans ses bras. Ces trois années semblent l’avoir épargné ; à part un bon début de calvitie mon ami est le même que la dernière fois que nous nous sommes vus. Catherine descend à son tour, elle est superbe. Elle l’a toujours été, mais ces quelques années supplémentaires l’ont rendue encore plus belle. Sa l