Les coups de la vie - Tome 6
115 pages
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Les coups de la vie - Tome 6 , livre ebook

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Description

La vie ne fait pas de cadeau et l'être humain est tout sauf un ange. La méchanceté (parfois gratuite), la haine, les coups bas et autres sont devenus monnaie courante. Mais heureusement qu'il n'y a que ça. Parce que l'homme est aussi un être capable d'altruisme, d'amour sincère et de don de soi... Et c'est l'être humain justement, avec ses bons et mauvais côtés qui constitue la matière première des confidences des lectrices et lecteurs du Magazine numéro 1 en Côte d'Ivoire. Confidences faites à Anzata Ouattara qui les traite et les publie dans les colonnes du journal. Des histoires captivantes mais aussi, surprenantes, et même parfois insolites, puisque traitant de réalités pouvant déranger des esprits dits cartésiens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2020
Nombre de lectures 8 247
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

A Dieu Tout-Puissant. Merci pour le souffle de vie que Tu m’as donné, et pour cette inspiration.
– A ma mère,  Grande dame, belle et généreuse. Que ton âme repose en paix !  Tu n’auras pas vécu pour rien.
Dépot légal n° 12464 du 12 novembre 2015 Les Coups de la vie Tome 6 er Editions, 1 trimestre 2020, 116 pages
ANZATA OUATTARA
TOME 6
PRÉFACE
Afrique des croyances, l’Afrique des mystères, l’Afrique des merveilles… Avec ce sixième volume des« Coups de la vie », Anzata Ouattara revient L’ALfriqd’hier, avec ses croyances, ses mythes et l’Afrique qui se veut moderne,ue à la charge et de fort belle manière. Au fil des pages, l’ordinaire se le dispute à l’insolite, le sacré au profane… celle des technologies de l’information et de la communication, se déclinent, s’entremêlent à souhait, à travers des histoires vraisemblables et pour cause... En effet, l’on y retrouve ou découvre des individus qui rêvent de fortune ou de puis-sance, que seuls, ils en sont persuadés, des esprits pourront leur procurer. L’on retrouve ainsi cette Afrique dont certaines pratiques sont encore présentes dans nos comportements, nos habitudes. Cette Afrique où l’adhésion à une religion monothéiste ne semble nullement incompatible avec la pratique de mœurs occultes. Ce continent dont les racines semblent profondément ancrées dans la magie noire. Il est un fait que lorsqu’ on a un marteau dans la tête, l’on voit tous les problèmes sous la forme d'un clou, nous enseigne l’adage.
Anzata Ouattara, qui est passée maître dans l’art de faire revivre ces aventures, nous prend par la main et nous conduit à travers les multiples facettes du conti-nent. Ces facettes où se côtoient le croyant, le mécréant, où cohabitent le bon, le méchant et la brute. Le monde de tous les jours où tous les coups, hélas, semblent permis au mépris de certaines valeurs. Un monde de loups où l’éthique sociale n’est pas, hélas, toujours la chose la mieux partagée…
A travers ces vingt et une nouvelles, tantôt ordinaires, tantôt extraordinaires, le lecteur se surprendra probablement à retrouver des histoires qui ressemblent, à s’y méprendre, à celles vécues par un voisin ou une connaissance, il y a tout juste quelques lunes. Des histoires qui laisseront des lecteurs dubitatifs quant à la nature humaine. Certains seront, sans doute, émerveillés par ces histoires qui
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valorisent l’amitié véritable, l’amitié sans calcul, ou encore l’amour véritable du prochain, comme nous l’instruisent les Saintes Écritures.
D’une nouvelle à l’autre, l’on éprouve une variété d’émotions ; de la tendresse à l’aversion, de la joie à la peine, de la douleur à la sérénité… Des sentiments que transmettent les victimes des coups de la vie. Qu’il nous attriste ou qu’il nous fasse sourire ou rire, par ses narrations, ce sixième recueil “Des coups de la vie” s’inscrit, à n’en point douter, dans la même lignée que les précédents : amener le lecteur à s’interroger. Se poser des questions ! N’est-ce pas aussi cela qui donne un sens à la vie ? Bonne lecture. Samba KONE
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“OR ET ARGENT”
Or et Argent
a bijouterie de dame Falilatou était l’une des plus fréquentées de notre cité. Toutes les grandes dames de ce pays, et même des hommes, pas-l’orLpur et l’argent blanc. Falilatou était Nigériane d’origine. Elle était arrivée en saient par là. C’était une femme belle et intelligente qui avait de l’ambi-tion. Elle avait la réputation d’utiliser des matériaux de qualité comme Côte d’Ivoire à l’âge de 8 ans avec sa mère qui était commerçante. Cette dernière vendait des bijoux fantaisistes qu’elle achetait aux commerçantes d’Adjamé. Ce commerce était rentable. Seulement, il arrivait que les bijoux noircissent avant qu’on ne les revende. C’était un risque à prendre, car on n’avait aucune garantie.
C’est fort de cela que Falilatou, une fois adulte, a décidé d’exercer ce commerce. Cependant, avec moins de risque. Ainsi, elle allait voir des bijoutiers qui confec-tionnaient des bijoux qu’elle revendait. En moins d’une année, sa clientèle s’est agrandie. C’est la raison pour laquelle elle s’est installée à son propre compte à l’âge de 32 ans, ouvrant “Or et argent”, sa première boutique à Treichville. Très vite, cette boutique s’est imposée. Falilatou a ouvert une deuxième aux II Plateaux. Cependant, elle devait le succès de ses boutiques à un homme : Samba. C’était lui la cheville ouvrière de ce business lucratif. Il n’avait que 25 ans.
Falilatou avait ouvert une succursale de sa boutique dans son pays d’origine où elle avait aussi une forte clientèle. Samba était au four et au moulin. Il disposait d’un talent particulier. Il travaillait jour et nuit, sans rechigner afin d’alimenter les différentes boutiques. Tous les autres bijoutiers respectaient la qualité de son travail. Il avait un doigté magique. Ses finitions étaient sans reproches. En plus, il était très honnête. Jamais personne ne s’était plaint des matériaux utilisés. C’était l’homme de main de Falilatou. Elle ne jurait que par lui. Elle le disait sou-vent :« Difficile de nos jours de trouver quelqu’un de si honnête et de si fidèle dans ce domaine ».Plusieurs personnes ont essayé de le débaucher, mais il est resté fidèle à sa patronne. Il a même refusé la proposition d’une dame qui avait
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une bijouterie en France. Dame Falilatou se vantait d’avoir le meilleur employé du monde. Alors qu’il était mal payé. Pourtant, pour tout le travail qu’il abattait, Samba méritait mieux. Mais, ce jeune homme si humble, pieux et reconnaissant envers celle qui lui a offert son premier emploi, ne s’en plaignait aucunement.
Après six ans de travail acharné, Samba avait décidé de se marier. Il informa en premier, Dame Falilatou, qui, consciente de ce que représentait Samba pour ses entreprises, a décidé de prendre les devants des choses. Elle s’est érigée en mar-raine de la cérémonie et a financé tout le mariage. La mariée a bénéficié de plu-sieurs dons venant d’elle : des bijoux, des pagnes, des draps et des ustensiles. La cérémonie fut très belle. Deux semaines après le mariage, Samba annonça à sa patronne qu’il était temps pour lui de voler de ses propres ailes. Il a donc sou-haité se retirer de l’entreprise “Or et argent” pour s’installer à son compte.
Jamais Falilatou n’avait été autant déconcertée. Elle l’a supplié à genoux afin qu’il renonce à son projet. Elle a même proposé de doubler son salaire, mais Samba était bien décidé à partir. Il avait déjà loué un local moins grand que celui de “Or et argent” certes, mais c’était son espace à lui, et il en était fier.
Dame Falilatou n’a pas supporté ce qu’elle considérait comme une trahison. « Comment peut-il me lâcher alors que c’est moi qui ai financé son mariage ? C’est un ingrat et il va me le payer. Je retourne au pays et à mon retour, on verra qui de nous deux est le plus fort ». A peine avait-il ouvert son petit atelier que les clients se ruaient chez Samba. Hadja, son épouse, lui était d’un grand soutien. D’ailleurs, il n’aurait jamais pris la décision de s’en aller, si elle n’avait pas été là. Falilatou le savait et lui en voulait aussi.
Après deux semaines d’absence, Dame Falilatou est revenue de son voyage. Elle a constaté que sa clientèle avait diminué de plus de la moitié depuis le départ de Samba. Elle ne comptait pas laisser les choses en l’état. Il était urgent de recon-quérir Samba. Elle lui a rendu visite nuitamment avec des cadeaux rapportés du Nigeria pour son épouse et lui. Hadja était très heureuse des présents qu’elle venait de recevoir de sa marraine. Quant à Samba, il semblait moins enthou-siaste. Il avait compris que ces présents cachaient quelque chose. Falilatou s’est adressée à Hadja et à son époux, car elle se disait que si elle arrivait à convaincre Hadja, elle gagnerait la partie.« Tu sais Hadja, depuis le départ de Samba, tout s’est arrêté. Rien ne marche ! Je viens du pays. Il y a énormément de commandes de nos clientes de France et des Etats-Unis au Nigeria. S’il te plaît, demande à ton mari de venir avec moi au Nigeria pour deux mois, afin de me permettre de réa-liser ces commandes qui urgent. Après quoi, il sera libre de travailler pour lui-même. Je le promets. En plus, je propose de lui donner pour ces deux mois, deux millions ».La proposition de deux millions a attendri Hadja. Elle demanda à Samba d’accepter. Celui-ci a obéi sans grande difficulté. Hadja avait peut-être
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réussi à convaincre son époux, mais avait-il le choix ? Quand on sait que Dame Falilatou est allée rencontrer Bawoul, son féticheur, qui lui a promis de mettre Samba à ses pieds.
L’entreprise “Or et argent” du Nigeria était beaucoup plus grande que celle de la Côte d’Ivoire. Falilatou était une dame très respectée dans son pays. Un vérita-ble modèle de réussite. Elle avait construit deux grandes villas dans son pays ; une qu’occupaient ses parents et l’autre pour elle-même. Elle avait un véhicule 4X4. En Côte d’Ivoire, elle avait plusieurs réalisations et deux véhicules dont une Mercedes et une Toyota Camry. Son parcours est impressionnant. Quand on sait qu’elle n’a jamais été à l’école.
Samba a été logé dans une dépendance de la villa de Falilatou. Elle était à ses petits soins. Ses repas étaient préparés par elle-même. Elle y mettait toutes sortes de potions prescrites par son féticheur. Elle prenait soin de l’inviter à sa table afin de s’assurer qu’il mangeait ses repas. Samba se donnait à fond au tra-vail pour satisfaire sa patronne. Pendant ce temps, Falilatou a changé ses plans. Elle a vendu ses deux boutiques d’Abidjan et s’est installée définitivement au Nigeria. Elle a confié tous ses biens immobiliers à une agence et a vendu ses véhi-cules. Par ailleurs, elle continuait, en plus de la nourriture, de faire ingurgiter des décoctions mystiques à Samba, en les mélangeant à sa boisson.
Au bout d’un mois, Samba avait oublié Hadja et même sa famille. La pauvre Hadja n’avait plus de nouvelles de son cher époux. Pourtant, il fallait qu’elle lui annonce qu’il était sur le point d’être papa. Plus les mois passaient, plus Hadja et Adjo, la sœur aînée de Samba, s’inquiétaient. Les deux mois étaient largement passés et Samba n’avait toujours pas donné signe de vie. Les deux femmes sont allées dans les entreprises “Or et argent”, mais personne n’a pu donner des nou-velles de Samba. La nouvelle responsable des locaux en avait fait des magasins de bijoux importés et de prêts-à-porter de luxe.
Pour que Samba oublie définitivement son pays et sa famille, le féticheur de Falilatou a demandé à cette dernière de coucher avec lui. C’était la condition pour qu’elle l’ait à sa merci. Falilatou n’a pas trouvé d’inconvénient à cela. Bien qu’elle n’ait jamais eu l’idée de sortir avec son meilleur employé, l’important pour elle était de sauver son business. Elle devait en l’occurrence introduire un fétiche dans son sexe et coucher avec Samba.
Ainsi, après un repas copieux, Dame Falilatou a invité Samba dans sa chambre et lui a offert son intimité. Samba s’est laissé prendre au piège. Le splendide corps de Falilatou qu’il avait dégusté sans retenue allait lui coûter cher. Désormais, il ne pouvait plus rien lui refuser. Il était devenu son esclave. Tous ses désirs étaient des ordres. Il travaillait pour elle sans être payé, espérant qu’elle
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l’invite à nouveau dans son lit. Mais ce privilège, il ne l’aura eu qu’une fois, car Falilatou avait mieux à faire. Elle sortait avec des personnalités de son pays. C’était une femme aux mœurs très légères qui était prête à tout pour de l’argent. Samba faisait peine à voir, car il était devenu fou amoureux de sa patronne qui le considérait juste comme un instrument de travail.
Le fils de Samba est né au pays. Hadja était malheureuse. Samba n’était pas à ses côtés. Adjo s’était chargée de donner un nom à son neveu. Il s’appellera Sekou comme leur défunt père. Toute la famille s’est réunie pour le baptême du nouveau-né. Ce qui était censé être un événement heureux s’est achevé par des pleurs. Car, la nouvelle maman ne cessait de pleurer son mari. Ce qui a ému toute la famille.
Plus de deux années, à présent, que Samba avait quitté le pays pour le Nigeria. Par deux fois, Adjo s’y était rendue, dans l’espoir de retrouver son frère, en vain. Où était-il ? Elle avait appris que Falilatou venait quelquefois en Côte d’Ivoire. Cependant, personne n’avait pu lui fournir d’informations fiables afin de la retrouver. Elle avait fermé l’entreprise “Or et argent” et avait monté une entre-prise qui exerçait dans le bâtiment. Samba était devenu son vigile. Elle l’avait chassé de son domicile. Il était payé 30 000 francs le mois et il devait payer son loyer et se nourrir avec cette somme. Le comble, c’est qu’il ne manifestait aucune envie de retourner au pays.
Au bout de 15 années, il parlait correctement l’anglais et même la langue locale. Il ne travaillait plus pour Falilatou qui l’avait renvoyé comme un malpropre. Il fallait qu’elle se débarrasse de Samba, car elle craignait qu’il soit indiscret sur la fameuse nuit qu’ils ont passée ensemble. Elle était consciente que cette nuit-là était mémo-rable pour ce pauvre homme. C’était un risque de le garder auprès d’elle, surtout qu’elle était sur le point de se marier à un homme politique très renommé.
Samba faisait de petits boulots, par-ci, par-là. A peine gagnait-il de quoi se nourrir et payer sa part de loyer. Il louait un studio avec deux de ses collègues : un Ivoirien et un Nigérian. L’Ivoirien, du nom de Yao, lui parlait souvent du pays. Samba se souvenait de tout, mais il lui était difficile d’envisager un éventuel retour. Il par-lait de Hadja, sa douce épouse, d’Adjo, de ses oncles et de son succès passé en tant que bijoutier.
Après 19 années passées au Nigeria, Yao estimait qu’il était temps pour Samba d’envisager son retour. Beaucoup de choses avaient changé depuis son départ. Après six années sans nouvelles de lui, sa famille l’a déclaré mort et a autorisé Hadja à se remarier. Mais, ce n’est que 9 années plus tard qu’elle s’est remariée, ayant perdu tout espoir de revoir son mari. Le fils grandissait sans avoir connu son père.
Yao trouvait l’histoire de Samba pathétique. Il n’arrivait pas à croire qu’un homme aussi insignifiant ait pu passer une nuit aux côtés de cette grande dame
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