Force majeure
157 pages
Français

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Description

Lucie fait un voyage en Russie pour y trouver des traces de sa famille. Dans le train, elle rencontre une femme, Mira, qui lui propose de l’héberger lorsque celle-ci perd tous ses papiers. Lucie apprend que la belle Mira est adepte du BDSM, et découvre l’univers du shibari, l’art de l’encordage érotique. Un rapport de force amoureux s’instaure entre elles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 septembre 2021
Nombre de lectures 64
EAN13 9782377806096
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Force majeure

 
 
 
 
 
 
 
 

 
Pauline Dumarais
 
 
Force majeure
 
 
Couverture : Chloé S.
 
 

 
 
© Evidence Editions  2021
 
Mot de l’éditeur
 
Libertine éditions est la maison érotique qui entend tous vos fantasmes. Ici pas de demi-mesure, toutes les formes de sexualité sont autorisées et assouvies.
 
Puisque chacun trouve son plaisir dans des scénarios intimes, chaque lecteur trouvera de quoi animer sa libido ou la rallumer.
Entre histoires vraies et fantasmes inavoués, il n’y a qu’un doigt. Du porno au hors-limite, en passant par le BDSM, le SM et plus encore… Masculin, féminin, le plaisir à deux, trois ou plus. Peu importe, seul le plaisir compte !
Pour faire durer vos lectures, vous trouverez nos ouvrages en format numérique, papier, audio, CD, DVD et plus encore.
Que votre lecture soit chaude et enivrante, c’est tout ce que nous vous souhaitons.
 
Site Internet : www.libertine-editions.fr
 
 
 
 
Avertissement

Texte réservé à un public majeur et averti
 
 
 
 
 
 
 
L’autre n’a sur nous que le pouvoir qu’on lui accorde.
 
 
 
 
 
 
 
1

Lucie
 
 
 
Je ne connais pas grand-chose de plus dépaysant qu’un alphabet non familier. Debout au beau milieu de la « gare de Moscou » à Saint-Pétersbourg, devant un immense panneau représentant toutes les lignes au départ de cette gare, je me laisse envahir par un grand sentiment d’impuissance, pour la première fois depuis des semaines. Mais bon, je voulais du dépaysement, je suis servie. En Finlande non plus, je ne comprenais rien à ce qui était écrit. Mais c’était le même alphabet, même si les lettres mises bout à bout ne faisaient aucun sens pour moi. Ici, c’est un autre monde. L’alphabet cyrillique forme un dessin presque magique, et j’ai l’impression que je m’apprête à prendre le fameux Orient Express, alors que je ne prends que le train pour Moscou. Et encore, je m’arrête à Tver, une ville à un peu plus de mi-parcours entre ces deux géantes que sont Peter (comme on dit ici) et Moscou.
Je suis fatiguée et je me demande si cela vaut vraiment la peine de faire tout cela. J’aurais pu me contenter de cette semaine en Finlande pour me changer les idées. Il est encore temps de rebrousser chemin. Je pourrais prendre un taxi pour l’aéroport et repartir. Cette gare, c’est une porte gigantesque vers l’inconnu. Tout l’imagier populaire russe défile dans ma tête : les ours qui dansent, les costumes traditionnels, les coupoles des églises, la vodka, les chœurs de l’armée russe. Je ne sais pas pourquoi je pense à tout cela, alors que je me trouve dans une gare ultramoderne. C’est tenace, les idées reçues.
Je regarde avec un air sceptique mon billet de train imprimé en russe. Je n’y comprends absolument rien. Je ne sais pas où aller, ni même à quoi ressemble le kiosque d’information. J’ai été abordée par des hommes qui me proposaient un taxi, certains insistants. Il doit être écrit « touriste perdue » en rouge sur mon front. Un autre homme s’approche de moi et je suis immédiatement sur la défensive. Mais il ne me parle pas de taxi. Il commence en russe et, devant mon air ahuri, il enchaîne en anglais pour me proposer de l’aide. Je lui tends mon billet et je lui explique que je ne sais pas où aller. Mon bon samaritain me fait signe de le suivre, et me laisse non seulement sur le quai, mais devant mon wagon. Chaque wagon est gardé par une contrôleuse à l’air sévère, qui ne laisse monter les gens qu’après avoir vérifié le billet et l’identité. L’homme explique que je suis une étrangère et me traduit ce que dit la femme. C’est un train de nuit. J’apprends que nous serons quatre par compartiment. En montant dans le train, j’ai la sensation de perdre un peu le contrôle de ma vie. Dans quelle étrange aventure suis-je sur le point de m’embarquer ? Je fais un signe pour remercier l’homme qui m’a aidée et je m’avance vers le quatrième compartiment.
Mes trois compagnons de voyage sont déjà là. Il y a un couple d’une soixantaine d’années, occupé à investir les couchettes du bas, et une grande jeune femme brune aux cheveux courts et aux yeux rieurs, debout dans le couloir face au compartiment, et qui regarde la scène avec intérêt. Elle me salue lorsque j’arrive à sa hauteur. Je comprends qu’il faut attendre que le couple soit installé avant de prendre possession de notre couchette. Elle me dit quelque chose en russe, mais je suis trop perturbée pour parler, aussi, je fais juste un signe d’acquiescement de la tête. Elle semble s’en contenter. Au bout de quelques minutes, le couple sort pour nous laisser la place. La jeune femme me laisse pénétrer la première dans le compartiment. Je range mon sac sous la banquette du bas, puis je regarde les draps dépliés sur ma couchette. J’avise une échelle sur le côté et j’entreprends d’escalader la couchette du bas pour atteindre la mienne. Ma veste s’accroche au bas de l’échelle, et j’entends le son caractéristique du tissu qui se déchire alors que je monte.
— Oh non, ce n’est pas vrai !
Je pousse un soupir, et la jeune femme se tourne vers moi, avec un air surpris.
— Tu es française ?
— Oui.
Elle ramasse mon téléphone qui est tombé de la poche éventrée de ma veste et me le tend avec un sourire amusé.
— Et tu ne parles pas russe, bien sûr.
— Heu, non…
— Et ça t’arrive souvent de répondre en faisant oui de la tête quand on te parle dans une langue que tu ne comprends pas ?
Je revois la scène dans le couloir, un instant plus tôt. Je rougis, me demandant ce qu’elle a bien pu me dire.
— J’ai supposé que c’était du « small talk » et que ça n’exigeait pas une réponse élaborée.
Elle rit franchement. Je suis interloquée.
— Je suis désolée si c’était déplacé. Je ne voulais pas être impolie.
— Tu ne l’as pas été.
Mais ce n’était pas la réponse appropriée, sinon elle n’aurait pas fait cette remarque.
— Et qu’est-ce que tu me demandais ?
Elle prend un instant pour me fixer en souriant.
— Ça n’a pas d’importance. Tu vas à Moscou ?
— À vrai dire, non, je m’arrête à Tver. Mais je ne sais pas comment faire pour savoir quand descendre.
— C’est là que je descends, moi aussi. Ne t’inquiète pas, je te préviendrai. Et la contrôleuse va passer pour nous réveiller un peu avant.
Je la remercie et je commence à défaire mon lit. C’est un soulagement de faire le voyage avec une personne qui parle français. Nous nous changeons rapidement et nous nous installons sur les couchettes du haut, et le couple revient dans le compartiment. Assis à la petite table, ils dînent en discutant à voix basse, après nous avoir offert de partager leur repas. Nous déclinons l’offre toutes les deux. Allongée, je sors ma liseuse de mon sac et je reprends mon livre en cours. Mais je suis trop désorientée pour être en état de lire. Et surtout, je sens le regard de la jeune femme posé sur moi. Je lève mon nez de mon livre, pour constater qu’elle me fixe sans aucune pudeur. Je rougis, baisse les yeux, les relève. Elle me regarde toujours.
— Je m’appelle Mira, me dit-elle simplement.
— Enchantée. Moi, c’est Lucie.
— Qu’est-ce que tu vas faire à Tver ?
Nous y voilà. Pour lui répondre, il faudrait lui dérouler une bonne partie de ma vie. Ce n’est sans doute pas la réponse qu’elle attend. Mais je me vois mal prétendre que je suis simplement partie faire du tourisme. Je cherche comment formuler une chose que je ne comprends pas bien moi-même.
— J’y vais pour faire des recherches généalogiques.
Voilà : c’est la vérité, et ça n’implique pas de lui raconter ma vie.
— Tu as des ancêtres dans la région ?
Si, finalement, il va falloir lui en parler.
— Je ne sais pas. Ce n’est pas pour moi que je le fais.
Elle me regarde, intriguée, et ses yeux m’invitent à continuer. Je sens que je m’empêtre dans mes explications. Je voudrais bien rester concise, mais je sens que je ne vais pas m’en sortir. Je continue, embarrassée.
— C’était le projet de mon père. Il est mort sans l’avoir fait. Il lui manquait un papier qu’il disait pouvoir trouver aux archives de la ville de Tver. Ce voyage, c’est ma manière de faire mon deuil.
Bon, voilà, ça, c’est un bel exercice de plongée en apnée, pour quelqu’un qui souhaitait rester en surface… Elle hoche la tête.
— Je suis désolée pour la perte de ton père, me répond-elle.
— Ça va. Ça fait déjà huit mois. Je n’aurais pas été prête à faire ce voyage avant cela, de toute façon.
Je sens que j’ai bien plombé l’ambiance et qu’elle ne sait pas quoi me répondre. Je cherche une ouverture pour orienter la conversation sur quelque chose de plus gai.
— Et toi, qu’est-ce que tu faisais à Saint-Pétersbourg ?
Son regard s’assombrit. Je sens que moi aussi, j’ai mis les pieds dans le plat.
— Je rendais visite à une amie, dit-elle sur un ton qui me paraît plus froid.
Il s’ensuit un silence gênant. Je vois qu’elle cherche elle aussi à changer de sujet de conversation.
— Tu es descendue à quel hôtel ?
— L’hôtel central. Je me suis dit qu’avec un nom pareil, ça ne pouvait pas se trouver trop loin de la gare…
— Je t’y accompagnerai, si tu veux. C’est sur mon chemin.
— C’est gentil, merci.
Elle ne répond pas. Je ne sais pas si elle considère que la conversation est terminée. Au bout d’un instant, gênée, et ne sachant quoi dire, je me replonge dans mon livre. Au bout d’un paragraphe, je me rends compte que je ne sais absolument pas ce que j’ai lu.
Lorsque je vois que le couple va se coucher et éteint les lampes de lecture, j’éteins également. La lune permet de voir les silhouettes des corps dans le compartiment. Je vois le bras de Mira qui pend dans le vide, et ça me fait sourire.
 

 
Je sens une main qui me secoue et quelqu’un qui me parle. Je ne sais pas du tout où je suis, et il me faut un instant pour me rappeler que je suis dans un train.
— Lucie ! Réveille-toi ! La contrôleuse a oublié de nous réveiller. Nous sommes arrivées à Tver. Nous avons moins de deux minutes pour descendr

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