L éducation bienveillante, ça suffit !
95 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'éducation bienveillante, ça suffit ! , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
95 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Élever son enfant avec bienveillance, c’est être attentif à ses émotions, c’est poser des cadres qui faciliteront la relation, c’est valoriser la compréhension et l’empathie. Mais est-ce suffisant ? À être trop écoutés et trop valorisés, certains enfants deviennent arrogants, irrespectueux, et même des enfants tyrans… Si l’on ne veut pas que nos enfants deviennent ces enfants-là, qui ignorent les autres, ils doivent trouver, face à leurs demandes permanentes et à leurs désirs incessants, une autorité qui intègre le « non » et définit des limites claires. Oui, on peut éduquer un enfant avec un tant soit peu de contraintes et d’exigences, car c’est en lui apprenant à faire des efforts qu’il progressera. En examinant les principes de l’éducation bienveillante, Didier Pleux définit ce qu’est l’autorité, juste, bienveillante, exigeante, pas toujours complaisante, mais qui prépare l’enfant à la vie réelle. Une réflexion salutaire pour aider parents et enfants à vivre harmonieusement, et les parents à jouer leur vrai rôle de parents. Didier Pleux est docteur en psychologie du développement, psychologue clinicien, psychothérapeute et auteur de référence sur l’éducation des enfants. Il dirige l’Institut français de thérapie cognitive. Il est l’auteur de plusieurs succès parmi lesquels : De l’enfant roi à l’enfant tyran, Exprimer sa colère sans perdre le contrôle, Un enfant heureux, Les 10 Commandements du bon sens éducatif, Le Complexe de Thétis, Comment échapper à la dictature du cerveau reptilien… 

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782415005481
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MARS  2023
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-4150-0548-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction
Wagon sans enfants…

Bientôt la fin du supplice, nous entrons en gare de Lisieux après deux heures de voyage depuis Saint-Lazare. Destination : Deauville.
« Bientôt tu verras la mer ! », dit la maman à son enfant roi, de 2 ans au plus, qui n’a cessé d’agrémenter notre voyage depuis le départ : hurlements quand l’un des parents cesse de jouer avec lui ou de le promener dans le couloir, colères quand l’un d’eux refuse de redonner un aliment ou une boisson, cris d’orfraie quand l’interdit tombe de ne pas monter sur la tablette devant le fauteuil. Que du bonheur ! Mais la fin du calvaire, pardon, l’arrivée est effectivement proche ; le père surenchérit auprès de la grande sœur d’environ 4 ans : « On est arrivés dans dix minutes ! » Dans le wagon personne n’est intervenu, des regards résignés et entendus se croisaient mais pas question de se confronter à ces parents voyageurs. Beaucoup savent déjà sans doute que ce genre d’intervention n’apporte que des remarques telles que : « Vous ne savez pas ce qu’est un tout-petit ! » et autres : « Vous n’aimez pas les enfants ! » Le réflexe est donc de se taire et de se rendre complice de cette non-assistance à enfant en danger. Car le comportement de ces parents était des plus caricaturaux et une illustration criante de ce qu’il ne faut surtout pas faire : répondre à chaque demande, essayer de rendre le trajet joyeux, etc. Je n’étais pas en colère mais plutôt empathique : que peuvent faire ces parents s’ils n’éduquent pas leurs enfants au quotidien ? Tenter de le faire dans un train bondé ? Mission impossible. Alors je me pris à rêver de futurs wagons sans enfants qui ne manqueront pas d’être proposés si rien ne change.
Car cela empire ! Je le vois dans les magasins, dans la rue, les petits diables, mes « enfants rois » pullulent, je l’entends chez les enseignants de la maternelle au lycée, les adultes sont débordés par ces comportements quémandeurs, insatiables, colériques et souvent offensifs. Et mes consultations vont dans le même sens : les enfants ou adolescents que je reçois en consultation n’ont guère de problèmes d’estime de soi ou de confiance en soi. Ils ne souffrent pas plus de quelconques cicatrices ou carences affectives, la majorité d’entre eux ne peut tout simplement pas s’accommoder des frustrations inhérentes à la vie. Et je tente d’aider des parents qui ne savent plus quoi faire, des adultes qui me disent avoir « tout » essayé : en fait, ils ont, pour la plupart, été séduits par la nouvelle mode éducative de la dernière décennie : l’éducation positive ou bienveillante.
Je lis un article d’un journaliste d’un quotidien de Côte d’Ivoire : chez les enfants issus de milieux favorisés, c’est le règne des symptômes de l’« enfant roi ». Idem lorsque je participe à un webinaire pour une institution scolaire de Casablanca. Les parents de la bourgeoisie aisée du Maroc souffrent des mêmes maux : ils ont tout fait pour leur progéniture et en retour ils n’obtiennent que des conflits, un refus de la scolarité, des comportements addictifs. Et pourtant ces parents témoignent qu’ils ont toujours été très « bienveillants » et qu’ils ont voulu élever différemment leurs enfants, qu’ils ne voulaient surtout pas reproduire l’autoritarisme éducatif qu’ils avaient eux-mêmes connu.
Que ce soit en France ou ailleurs, je fais le même constat : la volonté positive des parents de prendre le contre-pied d’une éducation à l’ancienne le plus souvent autoritariste devient irrationnelle. L’enfant n’est plus considéré comme un être en devenir qu’il faut élever mais comme un égal qui, lui aussi, doit avoir très tôt son autonomie. Le parent se doit d’être le moins « parent » possible et de n’intervenir que dans le positif, avec empathie, et toujours privilégier l’ego de son enfant au détriment, le plus souvent, de son épanouissement d’adulte. L’enfant doit être avant tout heureux ; l’objectif est bon, mais cet enfant heureux rend ses parents de plus en plus malheureux, c’est là tout le paradoxe !
Pourtant, dans ce « business du bonheur », comme le qualifie la sociologue Eva Illouz, se sont engouffrés de nombreux « experts en éducation ». Puisque l’humain se doit d’être heureux, il faut désormais proposer la même recette aux enfants : une philosophie de vie positive, un relationnel toujours bienveillant. Bref, de l’amour, de l’amour, ce qui est bien, mais jamais au grand jamais la moindre hypothèse éducative dite « déplaisante », voire « frustrante ». Ces experts ne veulent pas voir l’enfant dans ses possibles errances ou déviances mais comme la potentielle victime d’un monde adulte qui lui interdit le bonheur. C’est donc aux éducateurs de remettre en cause leurs attitudes ou leurs convictions, puisque cette nouvelle approche éducative est argumentée par les prétendus résultats de la recherche scientifique en neurologie.
Partout ce discours positif et bienveillant en éducation devient le leitmotiv des émissions spécialisées à la radio ou à la télévision. Et, cerise sur le gâteau, une des grandes prêtresses de l’éducation bienveillante a été mandatée par Boris Cyrulnik pour participer à la création du site gouvernemental « Les 1 000 premiers jours ». Même nos impôts deviennent bienveillants !
Quelle n’est pas ma surprise de toujours retrouver ce discours opposé à toute volonté éducative aimante comportant aussi sa part d’exigence ou de conflictualité qui se voit dès lors taxée de « réac » ou de « fascisante ». Et comme, pour la plupart des médias, je suis un de ses pères fouettards, je me suis dit qu’il était grand temps que je fasse l’effort de lire et de comprendre quels étaient les fondements de cette fameuse éducation bienveillante.
J’ai voulu tout d’abord revivre mon enfance, me souvenir de ce contexte éducatif des années 1950 dans lequel j’ai grandi où la parentalité était réduite à la portion congrue : « Écoute l’instit et va à la messe ! » ( chapitre 1 ). J’ai ensuite analysé les écrits des théoriciens de l’éducation positive, je craignais de n’avoir rien compris, tout endoctriné que je suis par mes hypothèses que je défends depuis une trentaine d’années ( chapitre 2 ) ! Il me fallait aussi comprendre la fascination de certains adultes pour cette approche : les bons côtés d’une éducation qui renforce les comportements positifs et n’évalue pas la personne entière de l’enfant quand il dysfonctionne, l’évitement des escalades agressives lors d’un conflit. Quant à l’argument scientifique du modèle, je ne pouvais guère y adhérer tant les extrapolations étaient de mise ( chapitre 3 ). Je me devais donc d’insister sur la face cachée de l’évolution de l’enfant et reprendre l’objet de mes recherches : sans frustrations, certains enfants risquent de tomber dans la toute-puissance ( chapitre 4 ). D’où mon affirmation de retrouver l’autorité parentale juste : aimante et exigeante. Une parentalité qui risque bien, si elle demeure « horizontale », de générer des adultes soumis, dociles, chosifiés ( chapitre 5 ). Enfin, il me semblait nécessaire de redonner ses lettres de noblesse à une approche éducative non pas dogmatique mais réaliste, de bon sens, une éducation que je qualifie de « rationnelle » ( chapitre 6 ).
Chapitre 1
Malveillance et résilience

Éducation : faut-il éradiquer le passé ?
Combien de fois ai-je entendu cette remarque d’un journaliste en voix off lorsqu’il me sollicite sur un thème d’éducation : « On a pensé à vous, car nous savons que vous êtes pour une autorité parentale très ferme ! » Combien de fois ai-je entendu cette question lors de l’échange : « Ne prônez-vous pas, au final, un retour aux méthodes éducatives d’antan ? »
C’est évident, je prône un retour aux blouses grises ! Je rêve de retrouver des parents maltraitants et des enfants malmenés, mal aimés… Eh bien non ! Je n’ai aucune envie de retrouver ces pères omnipotents qui faisaient régner l’ordre et la discipline dans les foyers. Je n’ai pas plus le désir de revoir ces mères si souvent ambivalentes et surtout si impuissantes à protéger leur progéniture devant le maître de maison. Si mon enfance ne fut pas celle d’un Poil de Carotte, je n’ai pas connu la bienveillance éducative à la maison. Pourtant, ce vécu n’est pas devenu névrotique au point que j’en vienne à défendre des approches éducatives « positives » qui soupçonnent, voire excluent l’autorité parentale vraie : une autorité qui n’est pas toujours juste, pas toujours positive ou sympathique pour l’enfant mais qui se donne pour mission non seulement l’épanouissement de sa singularité mais aussi et surtout son acceptation de toutes les réalités, de soi, des autres et du réel en général. Je n’ai jamais voulu mettre l’enfant au centre de la famille en réaction à une enfance qui n’a pas toujours été heureuse sans être non plus malheureuse. Contrairement à Françoise Dolto, qui construit ses hypothèses éducatives en vertu de ses propres émotions infantiles, j’ai proposé les miennes en essayant de comprendre les « synthèses émotionnelles » de mon enfance, en tentant de ne pas tomber dans un excès qui condamnerait toute la parentalité d’antan.
C’est pourtant ce que font la plupart des adeptes de l’éducation positive ou bienveillante : po

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents