Disparu sur le front
69 pages
Français

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Description

Le 10 août 1914 doit être un jour de fête. Armand se réjouit à l’idée d’aller avec son père Léopold au Luna Park pour fêter ses treize ans. Mais ce jour-là, Armand assiste, impuissant, au départ de son père pour rejoindre le front. La guerre vient d’être déclarée et la vie d’Armand bascule. Sa mère et lui doivent rapidement trouver de quoi subvenir à leurs besoins : Lucie s’engage comme munitionnette aux usines Citroën, Armand travaille au réfectoire.

Mais trois mois plus tard, c’est un avis de disparition émanant du ministère de la Guerre qui arrive dans leur boîte aux lettres. Armand sait parfaitement quelle réalité se cache derrière le mot « disparu »… Il sait aussi qu’il n’a pas l’âge requis mais il veut s’engager illégalement et marcher sur les pas de son père…


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 août 2022
Nombre de lectures 7
EAN13 9782215182030
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières Paris, XVIe arrondissement, lundi 27 juillet 1914 Paris, XVIe arrondissement, lundi 3 août 1914 un peu avant 11 heures Paris, XVIe arrondissement, dimanche 9 août 1914 dans la soirée Paris, XVe arrondissement, quai de Javel, vendredi 15 octobre 1915 Forêt de Rambouillet, dimanche 6 février 1916 dans la matinée Tranchée Mossoul, dans la Somme, à l’aube, 72e régiment d’infanterie, lundi 25 septembre 1916 Ferme Brioches, dans la Somme 72e régiment d’infanterie, 6e compagnie, jeudi 12 octobre 1916, vers 22 heures Paris, XVIIe arrondissement, église Notre-Dame-de-Compassion vendredi 13 octobre 1916, vers 17 heures Tranchée Mossou 72e régiment, 6e compagnie, vendredi 13 octobre 1916, vers 17 heures Convoi sanitaire, axe Albert-Amiens, samedi 14 octobre 1916 au petit matin Hôpital temporaire n°112, samedi 14 octobre 1916 après le service de midi Pavillon 15, lundi 23 octobre 1916 à 22 heures Parc Monceau, Paris VIIIe arrondissement, dimanche 3 décembre 1916 en fin de matinée Hôpital temporaire n°112, lundi 4 décembre 1916 un peu avant midi Au bord de l’Avre, dans la Somme, vers midi, mardi 1er mai 1917 Hôpital temporaire n°112 Bureau de l’infirmière en chef, mercredi 2 mai 1917 Paris XVIe arrondissement, lundi 10 mai 1937 en début d’après-midi Dossier pédagogique Bibliographie et autres ressources utilisées Page de copyright
Points de repère Cover Title Page Copyright Page Corps de texte
À Hugues, À Pierre, Antoine et Quentin
Dans la lointaine Serbie, un archiduc est assassiné. L’incident paraît tellement insignifiant. Dans ce pays, on assassine tous les jours.
Agatha Christie
Chapitre 1
Paris, XVI e arrondissement, lundi 27 juillet 1914
La première victime d’une guerre, c’est la vérité.
Rudyard Kipling
B on pour un accès illimité d’une journée aux attractions du Luna Park.
Lorsqu’il terminait sa matinée à l’atelier, Armand ne pouvait jamais résister bien longtemps. Il n’enfilait qu’une manche de son manteau, sortait en trombe de la chapellerie familiale, prenait un angle à quatre-vingt-dix degrés pour tourner rue Berlioz, s’enfournait dans l’entrée de son immeuble, gravissait quatre à quatre les marches de l’escalier jusqu’au quatrième étage. Là seulement, il reprenait son souffle, affichait un sourire en coin, entrouvrait doucement la porte de l’appartement familial pour ne pas que le chat se sauve, et se glissait à pas feutrés jusqu’à sa chambre avant que sa mère ne l’intercepte pour lui dire de passer à table.
Ensuite, il faisait religieusement coulisser le tiroir de son bureau avant d’en sortir son trésor.
Son billet d’entrée pour le paradis.
Bon pour un accès illimité d’une journée aux attractions du Luna Park.
Il passait le doigt sur les lettres dorées de Luna Park , et quelques paillettes s’échappaient. Armand avait des étoiles plein les yeux. La Rivière souterraine, le Water Chute, sans parler du Scenic Railway, ces montagnes russes qui culminaient au sommet du Pikes Peak avant de redescendre, jetant les wagons dans un grand fracas de ferraille et de cris d’épouvante et d’extase. Le rêve absolu, et ce à deux pas de chez lui ! D’ailleurs, lorsque la fin d’après-midi approchait et marquait le pic de fréquentation du parc, Armand ouvrait sa fenêtre et se laissait bercer par la clameur de la foule et le roulement infernal des wagonnets qui semblaient surgir des entrailles de la terre. Et quand il se penchait à son balcon et tendait le cou, il pouvait même apercevoir le sommet du Pikes Peak. Sa mère avait failli le faire tomber une fois en hurlant derrière son dos sa frayeur de le voir ainsi suspendu dans le vide. Bon, en même temps, ce n’était pas très prudent. Depuis, il avait trouvé un autre système : il accrochait un petit miroir au bout d’une canne qu’il avançait dans le vide et se servait de ce rétroviseur pour observer l’attraction.
Et en ce dernier lundi du mois, il exultait : dans deux semaines, ce serait son tour, enfin !
Bien sûr, il avait déjà eu l’occasion de pénétrer dans l’enceinte du parc, l’année dernière, et il s’était dévissé le cou à observer la gigantesque sphère qui trônait entre les deux tourelles blanches du bâtiment d’entrée. Elle arborait une paire d’yeux, un nez et une bouche, ce qui lui conférait un visage lunaire, comme une invitation au voyage. Mais ses parents avaient opté pour le billet à un franc, qui comprenait une entrée simple dans le parc et l’accès au parcours scénique de la Crypte des pharaons. Ce qui était raisonnable étant donné qu’il n’avait pas la taille requise pour les autres attractions. Dépité, il avait tout de même fait bonne figure, mais quelle frustration en passant devant les montagnes russes ! Son père, Léopold, avait observé du coin de l’œil sa mine déconfite et, comme à son habitude, n’avait pas relevé sur le moment, se contentant de lisser sa moustache et de déclarer qu’il était temps de rentrer.
Jusqu’à la semaine précédente, où il avait juste déposé le précieux sésame à côté du verre d’Armand durant le dîner.
– Mais… mais papa, c’est… ?
– Joyeux anniversaire, mon fils.
– Merci, mais… mon anniversaire c’est le 10 août…
– Je t’y accompagne justement ce jour-là.
– Papa… C’est vraiment ce que je vois ? Un billet d’accès au Luna Park ?!!
– Tout à fait. Allez, mange. Ça va refroidir.
Armand faillit bondir sur lui et l’étouffer de ses bras pour lui témoigner sa gratitude, chanter, danser, et entraîner sa mère dans quelques pas de fox-trot. Mais Léopold n’était pas de ceux qui expriment bruyamment leurs sentiments, et par respect pour lui, Armand se borna à lui adresser son plus large sourire. Et son œil brillait tant qu’à lui seul il disait Merci papa !
– Armaaaand ?
La voix de sa mère le tira brusquement de sa rêverie. Elle avait donc vu qu’il était rentré, Lucie avait vraiment un sixième sens pour détecter sa présence, les mères étaient-elles toutes comme ça ?
– J’arriiive !
Armand remit soigneusement le billet dans l’enveloppe avant de replacer le tout dans le tiroir et de sortir de sa chambre. En traversant le couloir, il jeta un œil à L’Écho de Paris posé sur la console, ce journal auquel son père était abonné et que le porteur avait déposé dans leur boîte aux lettres ce matin. Sur la une, le plus gros titre attira son attention : L’Autriche a déclaré la guerre à la Serbie . Armand haussa les épaules. Quand auraient-ils fini de leur rebattre les oreilles avec ça ? Depuis l’assassinat de l’archiduc héritier d’Autriche François-Ferdinand un mois auparavant, la presse n’avait de cesse d’étaler ses élucubrations sur l’imminence d’un conflit à l’échelle européenne. Une guerre en Europe ? Et pourquoi pas dans le monde entier ? Léopold devenait ironique et balayait l’idée d’un revers de la main lorsque Lucie lui faisait part de ses inquiétudes. La presse joue sur le traumatisme du siège de Paris de 1870 et elle en fait du sensationnel, voilà tout ! Tout de même, je suis un peu déçu par L’Écho de Paris… Son père avait beau jouer les indifférents, son regard s’était assombri chaque jour davantage au fil de juillet après sa lecture quotidienne, et cela n’avait pas échappé au jeune homme.
L’Autriche avait déclaré la guerre à la Serbie ? « Eh bien soit, ici nous sommes en France », s’était dit Armand en adressant une grimace de dédain au journal, qu’il avait envie de jeter à la poubelle tout à coup. Il n’en fit rien, son père serait furieux. En tout cas, ce n’était pas ce morceau de papier qui allait lui gâcher sa journée, d’autant qu’une délicieuse odeur lui chatouilla les narines, qu’il reconnaissait entre mille. Il jaillit dans la cuisine.
– Du bœuf miroton ! M’man, t’es une reine !
– Oui, eh bien assieds-toi et mange vite plutôt que de te glisser en douce dans ta chambre pour te pâmer devant ton billet, répondit-elle avec un sourire en coin. Je te rappelle que ton père attend ton retour à la boutique pour venir déjeuner à son tour.
– Oui, je sais, ma petite reine… des mégères ! ricana-t-il.
– Ouh toi ! Tends la main ! grogna Lucie en faisant mine de brandir sa cuillère en bois.
Ils éclatèrent de rire. Pas une journée ne passait sans leur jeu favori : s’envoyer des piques verbales pour bousculer l’autre et le faire rager. Pour de faux, bien sûr. Par affection, surtout. Même si Armand frôlait parfois l’irrespect. Mais dans ce cas, Lucie le reprenait doucement pour lui faire comprendre où se trouvaient les limites de la taquinerie.
– Tu vas t’user les yeux à force de le regarder, ce billet, sourit-elle. Tu es sûr que tu ne veux pas proposer à Jules de vous accompagner au Luna Park, papa et toi ? Pour ton anniversaire, je pense que ton père serait prêt à payer une part de son billet, ajouta-t-elle avant de lui asséner, espiègle : à moins que tu ne préfères proposer à sa sœur ?
– Léontine, non mais tu rigoles ! Plutôt crever !
– Armand, c’est quoi ce langage ? reprit Lucie, faussement outrée.
Jules, c’était son meilleur ami. Pour la vie. Et Léontine, c’était sa peste de sœur. À jamais.
Madame Léontine, qui savait toujours tout mieux que les autres. Un cauchemar de donneuse de leçons en col Claudine amidonné. Que tous les parents adoraient, bien sûr ! Les garçons, eux, la détestaient cordialement, et mijotaient régulièrement une petite crasse à lui infliger tout en jouant les innocents. La dernière en date était la souris morte délicatement déposée dans le fond de sa bottine. Jules et Armand s’étaient même payé de luxe de traîner dans le couloir de l’entrée en attendant le départ de Léontine pour son cours de violon, histoire de mieux profiter du spectacle. Comme ils avaient eu du mal à contenir leur fou rire lorsqu’elle avait enfilé ses chaussures et poussé un cri hystérique quand son pied avait atteint la forme molle du rongeur !
– De toute façon, ne t’inquiète pas m’man, je préfère y aller seul avec papa… Et puis, j’ai trop hâte de voir sa tête quand il sera au sommet du Pikes Peak juste avant la chute de trente mètres de haut ! Euh, sinon… T’en penses quoi, toi, de ce que disent les journaux ? Tu crois qu’on po

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