La lecture à portée de main
41
pages
Français
Ebooks
2023
Écrit par
Johan Heliot
Publié par
Actu-SF
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Français
Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
18 janvier 2023
Nombre de lectures
4
EAN13
9782376865582
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Pas le temps de s’ennuyer au château Barjot !
Entre le slam réveille-matin du ménestrel Aurelsâne, les bougonneries du sire de Barjot, les délires artistiques de Dame Cunégonde, les sorcelleries de la vieille Griselda et les expériences suspectes du druide Myrddin, la vie de château est loin d’être de tout repos... Il ne manquerait plus qu’un dragon sommeille dans une grotte sous le donjon !
Publié par
Date de parution
18 janvier 2023
Nombre de lectures
4
EAN13
9782376865582
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Les Tribulations du Château Barjot
Johan Heliot
Ouvrage publié sous la direction d’Estelle Mialon
Coordination éditoriale : Gaëlle Giroulet
Couverture © Zariel
Mise en page : Marielle Dulieu
Correction : Fabienne Riccardi
© é ditions ActuSF, janvier 2023
Collection Quand est-ce qu’on lit ?
515, faubourg Montmélian, 73000 Chambéry
www.editions-actusf.fr
ISBN : 978-2-37686-558-2
Ce livre a été édité avec la police Sassoon , une police qui est particulièrement adaptée pour les lecteurs et lectrices dyslexiques. La grande taille de cette police, ainsi que les espaces importants entre chaque ligne, participent également à faciliter la lecture.
Ce fichier vous est proposé sans DRM (dispositifs de gestion des droits numériques) c’est-à-dire sans systèmes techniques visant à restreindre l’utilisation de ce livre numérique.
Les mots suivis d’un astérisque* sont expliqués dans le lexique en fin d’ouvrage (p. 129).
CHAPITRE 1. Un réveil du mauvais pied
Au retour des beaux jours, tout le monde au château Barjot pétille d’une énergie nouvelle. À commencer par Aurelsâne le ménestrel, déjà debout aux premières lueurs de l’aube. Accompagné de sa vielle*, il entonne à pleins poumons un chant de son invention, juste sous les fenêtres du donjon :
Vive le réveil des abeilles, man !
Vive celui du soleil, oyez !
On boira de l’hydromel*, man !
Pour fêter les jours d’été…
— Mais qu’on le fasse taire ! rugit soudain Aldebert, le sire de Barjot, depuis les hauteurs de la grande tour carrée. Quel est l’idiot qui a réglé le réveil à une heure pareille ?
Le maître des lieux apparaît, furieux, entre deux créneaux des remparts, en chemise de nuit et barbe au vent.
— En plus, fulmine-t-il, on ne comprend rien à sa chanson ! Et d’abord, qu’est-ce que ça veut dire, manne ?
— Voyons, minou, c’est l’abréviation de manant * , explique Cunégonde, son épouse, en apparaissant à ses côtés. Vous devriez vous intéresser davantage à la musique moderne, mon ami !
— Ça , de la musique ? Pff ! N’importe quoi ! Il ne chante pas, il se contente de déclamer… Et il ne sait même pas vraiment jouer de son instrument, il ne fait que taper le rythme sur la caisse de sa vielle ! Ah ça, pour faire du bruit, il s’y entend, le bougre, mais, pour ce qui est de véritable chanson, non ! Où sont donc passés les troubadours d’antan ?
— Allons, ne soyez pas si bougon ! Les choses changent, c’est ainsi.
— Elles ne devraient pas ! Enfin, pas comme ça… Bon, je retourne me coucher, ma mie. Pas vous ?
— Non, je préfère profiter de cette jolie lumière d’été pour reprendre mon ouvrage. La tapisserie de notre histoire familiale s’agrandit de jour en jour. Elle fera un merveilleux cadeau pour notre chère Margaux, le jour de son mariage…
— Bien, bien, coupe Aldebert. Je suis certain que ça lui fera grand plaisir, ma mie. Mais nous avons encore le temps de songer à lui trouver un mari. Notre fille n’a que douze ans. Peut-être d’ici le printemps prochain, si un bon parti se présente… (Il étouffe un bâillement.) En attendant, réveillez-moi pour le déjeuner, je vous prie !
*
Dans la chambre située à l’étage du dessous, à mi-hauteur du donjon, l’échange entre le sire de Barjot et son épouse n’est pas passé inaperçu.
— Papa s’est encore levé du mauvais pied, fait remarquer Aymeric de sous son édredon gonflé de plumes d’oie.
— Parce qu’il en a un bon ? s’étonne Margaux en s’étirant du fond de son propre lit. Il n’arrête pas de râler après tout le monde, c’est vraiment exaspérant !
— Ce n’est pas le pauvre Aurelsâne qui te dira le contraire, approuve Aymeric avec un sourire. Moi, j’aime bien ses chansons ! Oyez, man, on boira de l’hydromel ! imite-t-il en prenant une grosse voix.
— Ce n’est pas une boisson pour les jouvenceaux, se moque gentiment Margaux. Tu y goûteras quand il te poussera une barbe.
— Très drôle. Ce jour arrivera peut-être plus tôt que tu ne le crois !
— Ah oui ? Tu comptes te coller des poils de blaireau au menton ? Sinon, ça va prendre encore pas mal d’années… Eh !
Margaux évite de peu le gros oreiller que son frère vient d’expédier. En retour, elle s’empare du sien, et la bataille s’engage, entrecoupée d’éclats de rire.
— J’ai faim ! lance Aymeric, au bout d’un moment. Faisons une trêve et allons déjeuner, d’accord ?
CHAPITRE 2. L’idée du millénaire
Un délicieux fumet remplit la grande salle du rez-de-chaussée, où se pressent déjà la plupart des habitants du château. Outre la famille du seigneur de Barjot, les chevaliers au service d’Aldebert ont leur place autour de l’immense table en bois et en fer, couverte de victuailles. Aucun ne raterait le premier repas de la journée, qui sera servi par leurs écuyers. Comme beaucoup de guerriers, ce sont des ventres perpétuellement affamés !
Gryselda, leur grand-mère, accueille Aymeric et Margaux avec un sourire éclatant, même s’il révèle quelques trous dans l’alignement de ses dents. Comme elle est engloutie sous un amoncellement de hardes qui la dissimulent presque entièrement, on ne distingue que le visage rond et ridé de la vieille dame, surmonté d’une touffe de cheveux gris jamais disciplinés.
— Bien le bonjour, mes agneaux ! Vous avez été réveillés par les braiements d’Aurelsâne ou les jurons de votre père ?
À une extrémité de la tablée, le ménestrel grimace sans oser protester. Gryselda pourrait être tentée de lui jeter un sort. Elle connaît toutes sortes de maléfices très anciens, du moins, c’est ce qu’on prétend – enfin, jamais en sa présence, évidemment !
Des histoires de métamorphoses en animaux variés circulent autour d’elle. Mais on dit également qu’elle saurait concocter de redoutables philtres d’amour ou d’attachement. Bref ! en un mot comme en cent, la grand-mère des enfants serait une sorcière. S’il en fallait une dernière preuve, son logement du donjon est bien le seul à n’abriter aucun rongeur, grâce à un bataillon de chats au pelage noir et aux yeux verts qui y font régner leur loi.
— J’espère que papa ne va pas ronfler jusqu’au milieu de la journée, se plaint Aymeric en se frottant l’estomac. J’ai faim, moi…
Le garçon n’est pas le seul. L’odeur des mets, en train de rôtir dans la cheminée, fait saliver tous les convives. Elle se mêle à celle du pain juste enfourné, dans les cuisines attenantes. Le lait, le miel, les noix et quelques pommes aident les plus gourmands à patienter jusqu’à ce que le service commence, mais il ne peut démarrer avant l’arrivée du seigneur des lieux.
Heureusement, Aldebert ne tarde pas à faire son entrée, la barbe mal peignée, emmitouflé dans son manteau en poils de sanglier. Il est vite rejoint par Cunégonde, aussi pimpante que son époux est négligé.
Il faut dire que la mère des enfants a fière allure dans sa robe brodée de fils d’or et d’argent. Une natte de cheveux blonds comme les blés traîne derrière elle sur le sol pavé. Il faut toute l’habileté de Bertille, sa dame de compagnie, pour la lui tresser au saut du lit. Mais le résultat vaut tous les efforts fournis : personne ne peut se vanter de posséder une chevelure aussi longue et belle dans aucun fief* à la ronde !
La légende souffle que Cunégonde n’aurait jamais laissé le moindre ciseau ni le plus petit couteau approcher sa tignasse depuis l’enfance, et que celle-ci lui procurerait des pouvoirs magiques…
Mais la légende raconte souvent n’importe quoi ! Ne prétend-elle pas que toutes sortes de monstres vivent au-delà des limites du royaume ? Et pourquoi pas un dragon dans une grotte sous un château, comme celui d’Aldebert de Barjot, tant qu’on y est ?
Pourquoi pas, en effet ? Mais nous verrons cela plus tard.
— Qu’on serve le déjeuner ! tonne Aldebert en s’asseyant dans son fauteuil de bois sculpté des emblèmes de la famille Barjot.
On assiste aussitôt à un défilé de plats fumants, qu’apporte une armée de valets et d’écuyers transpirant sous leur charge. La tâche n’a rien d’aisé, étant donné l’appétit du sire de Barjot, encore supérieur à celui de ses chevaliers.
Aldebert engloutit tout ce qui passe à la portée de ses doigts dégoulinants de jus et de gras, tout comme les poils de sa barbe. Aucune volaille, aucun rôti, aucun pâté n’échappe à son appétit insatiable.
— Tout doux, mon ami, le réprimande Cunégonde. Vous feriez mieux de vous tempérer. Rappelez-vous les conseils de Myrddin : la gourmandise n’est pas l’alliée des preux !
— Ch’appréchie les concheils de votre père, réplique Aldebert, la bouche pleine, mais est-che-qu’un alchimichte chait che qu’il convient à un guerrier de mon importanche ?
Sur ces mots, il étouffe un rot de son poing avant d’avaler cul sec sa coupe pleine de vin aux épices. Cunégonde lève les yeux au plafond tandis que Gryselda, la propre mère du sire glouton, le couve d’un regard attendri, comme s’il n’était encore qu’un gros poupon avide de son lait.
Mais Cunégonde n’est pas du genre à abandonner aussi vite.
— Vous avez grand besoin d’activité, mon beau chevalier, reprend-elle de sa voix la mieux assurée. Vous ne pouvez pas rester à paresser et vous remplir la panse jusqu’à la fin de vos jours… qui arrivera plus tôt que vous ne le pensez, à ce rythme-là !
L’argument semble cette fois porter. Aldebert cesse en effet de se goinfrer.
— Hélas, pas la moindre petite guerre à l’horizon ! se lamente-t-il. Ni aucune bande de mercenaires à pourchasser… Pff, c’est désespérant ! Si ça continue, mon armure va rouiller…
— Surtout, papa ne pourra bientôt plus rentrer dedans à force de bâfrer, glisse Margaux à mi-voix dans l’oreille de son frère.
Aymeric émet un ricanement, mais redevient sérieux au premier regard de sa mère signifiant : Un peu de tenue, jeune homme, ou sinon…
— Je ne pensais pas à vous envoyer au combat loi