367
pages
Français
Ebooks
2023
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Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
14 février 2023
Nombre de lectures
3
EAN13
9782493499547
Langue
Français
Depuis son accident, Franck est plus colérique que jamais et la proximité d'Emma, stagiaire ergothérapeute, fait déborder toutes sortes d'émotions !
Déterminée à faire oublier ses erreurs passées, Emma, quant à elle, nie tout sentiment pour correspondre à l'image lisse qu'elle souhaite renvoyer.
Face à l'attirance irrépressible qui les lie, saura-t-il apprivoiser sa nouvelle vie en fauteuil roulant ?
Parviendra-t-elle à incarner l'adulte qu'elle s'imagine être ?
L'autonomie, tout comme l'indépendance, prend bien des formes et n'est pas toujours là où on l'attend.
Publié par
Date de parution
14 février 2023
Nombre de lectures
3
EAN13
9782493499547
Langue
Français
Charlotte Ben
Crédits
Tous droits réservés
Couverture et mise en page réalisées par EBG créations
Correction et relecture par Farida Derouiche
Édité par : Évasion Éditions
ISBN : 978-2-493499-54-7
©Évasion Éditions
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Avertissement
Cette œuvre comporte des scènes violentes, érotiques avec un langage cru, incluant des agressions sexuelles et physiques, susceptibles de choquer. Elle vise un public averti et ne convient pas aux mineurs. L’auteure décline toute responsabilité dans le cas où cette histoire serait lue par un public trop jeune. Conservez vos livres hors de portée des jeunes lecteurs.
« Si tu essaies toujours d’être normal, tu ne sauras jamais à quel point tu peux être exceptionnel »
Maya Angelou — Poétesse et écrivaine
Prologue
Juillet 2016
Emma garde les yeux fixés sur ses baskets multicolores et sa salopette déchirée au genou. Petit à petit, elle laisse une bulle se former autour d’elle. Le brouhaha de la salle d’audience crée un bourdonnement qui l’envahit. Elle s’y blottit et y cherche une protection qu’elle ne trouve plus nulle part depuis longtemps.
— Mesdames, messieurs, silence, s’il vous plaît. Affaire 427, la prévenue est Emma Monnier, 19 ans, ici présente. Nous pouvons commencer.
Un dernier murmure parcourt la salle et la bulle explose autour d’Emma. Les larmes se précipitent derrière ses paupières, mais elle refuse de les laisser dévaler ses joues. Elle serre les dents, les poings, et hurle intérieurement : THIBAUD !
— Vous paraissez aujourd’hui en procédure de comparution immédiate pour les chefs d’accusation suivants : possession de stupéfiants, trafic de drogue, tentative de fuite et entrave à la justice. Vous risquez des peines très lourdes, mademoiselle.
La suite est floue, elle n’entend déjà plus la voix traînante de la juge. Par contre, elle est consciente de chaque mouvement dans la salle d’audience. D’une minute à l’autre, la porte va s’ouvrir et le laisser entrer. C’est obligé. Thibaud ! Thibaud ! Elle l’appelle de toutes ses forces sans desserrer les lèvres. Mais c’est tellement fort qu’il ne peut que l’entendre, n’est-ce pas ? C’est comme ça que fonctionne l’amour, non ?
— Vous avez tu le nom des personnes qui étaient avec vous avant-hier dans ce parc, mademoiselle Monnier. Il est temps de nous en faire part.
Emma refuse de lever les yeux. Elle se cache derrière sa longue frange. Elle ne peut pas se résoudre à donner des noms. Ça fait longtemps que toute cette histoire a dérapé, ça fait longtemps qu’elle ne contrôle plus rien. Elle sait au fond d’elle que ses « amis » ne seront pas là pour elle à la sortie, qu’à part la drogue et la fête rien ne compte. Mais Thibaud, c’est différent. Ça doit l’être. Ils sont plus forts que tout ça, la justice, la police, la drogue. Ils s’aiment. Alors elle ne peut pas donner de noms. Thibaud ne lui pardonnerait jamais. Mais où est-il ? Il devrait être là. À soutenir son regard et lui rappeler toutes les promesses qu’ils se sont faites. Thibaud !
— Vous n’avez pas l’air de bien saisir ce qui vous arrive. Vous avez été arrêtée avec beaucoup trop de drogue sur vous pour qu’on croie à un usage personnel, et les agents de la brigade anticriminalité sont formels : il y avait d’autres personnes avec vous dans ce parc quelques secondes avant votre arrestation. Alors je vous le demande une dernière fois, que s’est-il passé avant-hier soir ? Regardez vos parents, mademoiselle, regardez-les bien et prenez la bonne décision.
Emma parcourt enfin la salle du regard, évite ses parents et Julia, dans une recherche désespérée de yeux bleus qui la transportent si loin d’ordinaire. Mais ce sont ceux de ses parents qu’elle finit par croiser et cette fois elle ne peut retenir ses larmes. Ils se tiennent côte à côte. Ça fait combien de temps qu’elle ne les a pas vus ensemble ? Quand son père passe un bras autour des épaules de sa femme, Emma étrangle un sanglot. Il lui faut une minute supplémentaire pour remettre ses émotions en place.
Alors elle commence à expliquer la raison de sa présence dans ce parc, comment elle s’est retrouvée en possession d’autant de drogue et elle se fait une promesse. La première d’une longue série. Plus jamais elle ne décevra ses parents. Elle sera la jeune femme qu’ils attendent. Une jeune femme sage et lisse qui ne fait plus aucune vague. Elle étouffera ses envies d’aventures et de transgression, sa répartie et sa folie et surtout, surtout elle restera à sa place.
Au moment du délibéré, les chefs d’accusation les plus graves n’ont pas été retenus. La confession d’Emma a été bien accueillie et lui permet d’éviter le pire. En tout cas, c’est ce que chuchote l’avocat à côté d’elle dans une odeur de tabac froid.
— Vous êtes condamnée à une peine de réparation pénale auprès de l’association ADDSEA. Il s’agit d’une mesure éducative, mademoiselle Monnier, mais ça n’en reste pas moins une peine. Vous êtes également condamnée à une obligation de soins auprès de l’association de lutte contre les drogues. À vous de saisir la chance qu’on vous donne. Vous écopez d’une peine minimale, mademoiselle Monnier, mais n’allez pas croire que vous aurez une autre chance.
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Novembre 2018
Franck cligne des yeux, aveuglé par les lumières des gyrophares. Elles diffusent leurs halos bizarrement, comme si la nuit était tombée. Le bruit des sirènes est assourdissant. En tout cas, il le devrait, mais les sons lui parviennent atténués, comme à travers du coton. Tout est flou, ralenti. Et pourquoi cet homme se penche sur lui avec son casque… de pompier ? Pourquoi y a-t-il un pompier sur le chantier ?
Puis la douleur explose. Un grand cri. Et tous les bruits, les odeurs et les mouvements reviennent d’un coup. Hurlements, agitation, sirènes, gyrophares, douleurs. Douleurs.
Son crâne est sur le point d’éclater. Le déchirement dans son épaule est tellement insupportable qu’il voudrait qu’on finisse de la lui arracher. Mais le pire finalement, ce sont ses jambes. Il n’y a pas de souffrance, pas de fourmillements, pas de sensations. Rien.
— Ne bougez pas, monsieur. Restez tranquille, on vous transfère. L’hélicoptère arrive.
La panique l’envahit, aussi puissante que la douleur qui l’emporte.
— L’échafaudage a cédé, heureusement vous portiez votre casque, ça va aller. Comment vous appelez-vous ?
— Franck, Franck Leone. Et mes jambes ? Je ne sens plus mes jambes !
— Restez calme, Franck, n’essayez pas de bouger. On vous emmène à l’hôpital.
Partie 1 Mars 2019
Chapitre 1 Dernière chance
— Poussez-vous ! Un patient arrive, laissez passer le brancard !
— Venez vers moi, mon petit, je ne mords pas. Vous êtes nouvelle ?
Emma se serre contre la dame d’un certain âge assise sur un déambulateur. Elle regarde les ambulanciers qui discutent tranquillement avec le vieil homme allongé sur ledit brancard.
— Oui, c’est mon premier jour de stage. Je suis étudiante en ergothérapie, en 2e année.
— Et qui est ta référente, mon petit ?
— Mme Albrecht.
— Oh, charmant ! Tout un poème, cette femme. Ne te laisse pas formater, t’en prends et t’en laisses, si tu veux un conseil.
Emma jette un coup d’œil à la très élégante femme sur la droite qui a crié beaucoup trop fort, vu la tranquillité avec laquelle sont passés les brancardiers. Son air hautain et ses manières sèches quand elle l’a accueillie quelques minutes plus tôt font étrangement écho avec les paroles de la patiente.
— Je suis Jeanne Galliot, patiente régulière, experte en sclérose en plaques.
Emma serre la main tendue et lui rend son sourire.
— Emma Monnier, ravie de vous rencontrer. Je suis là pour presque 3 mois, j’espère qu’on se reverra.
— Heu… Jeune fille ! Ma stagiaire, là ! Venez, maintenant, lance Mme Albrecht.
Emma fronce les sourcils, mais avance, résignée.
— Elle s’appelle Emma, Florence ! Toujours aussi aimable, à ce que je vois. Charmante journée à vous, mesdames.
Pas la langue dans sa poche, cette patiente ! Elle interpelle même la professionnelle par son prénom. Mme Galliot leur envoie un petit geste de la main et Emma suit sa tutrice de stage tant bien que mal. Elle emmagasine un maximum d’informations dans le flot de paroles ininterrompues. Pas tout à fait ce qu’elle imaginait comme accueil. Le Centre Jean Judet a très bonne réputation dans la prise en charge de la réadaptation et la rééducation des conséquences de traumatismes, de lésions, ou pour les dégénérescences neurologiques. Mais l’approche de cette professionnelle est vraiment… particulière. Pour l’instant, tout se déroule au pas de course, et Emma ose à peine poser des questions. Elle note ce qu’on attend d’elle et se laisse happer par l’énergie du lieu en mettant de côté les remarques singulières de sa tutrice.
Au détour d’un couloir, des éclats de voix interrompent la litanie de Mme Albrecht.
— Ça me casse les couilles, Baptiste, j’en peux plus, je te jure !
— Laisse tomber, mon pote, il faut just...
Emma est frappée par l’intensité qui se dégage du patient. Elle perd le fil de la conversation, s’arrête pour le regarder s’éloigner. Il est grand, imposant, elle n’a pas le temps de distinguer son visage, mais voit ses bras puissants pousser sur les mains courantes de son fauteuil.
— Venez par ici, c’est encore le para incomple