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Illuminer les cieux , livre ebook

185

pages

Français

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2023

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Jadis, Engélion, l’astre sacré illuminait le ciel lors de la Levée.Aujourd’hui, la tombée de la nuit annonce l’avènement des Damnés.Dans le chaos de ce monde enchaîné et torturé, en proie à un homme aussi cruel qu’immortel, un murmure prophétique parle d’enfants avec l’extraordinaire pouvoir de manipuler l’engélion. Lilium est l’une d’entre eux.
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Date de parution

07 novembre 2023

EAN13

9782381990859

Langue

Français

Engélion



ISBN : 978-2-38199-0705
ISSN : 2430-4387
Engélion, tome 1 : Illuminer les cieux
Copyright © 2023 Éditions Plume Blanche
Copyright cover © Illustration Lionel Prats
Tous droits réservés
Maquette : Marion Barril
Correction : Sandra Lucas et Julie Provot





Justine Tiphagne

Engélion


Tome 1
Illuminer les cieux
(Roman)



Prologue
Na issance

Le 15 de ClairAzur de l’an 1000,
Village d’Anima.

Une nouvelle détonation fait trembler les murs avec une telle violence qu’Ariaé la ressent jusqu’aux tréfonds de ses os. Ses dents claquent et un liquide ferreux lui envahit la bouche. Le tremblement ne semble jamais vouloir s’arrêter. La jeune femme gémit et resserre ses bras autour de son ventre arrondi. Ses yeux se ferment sur un sanglot qu’elle tente de contenir. La panique s’infiltre en elle comme l’eau entre les rochers, mais elle ne doit pas craquer. Elle ne doit pas craquer et garder les idées claires. Le souffle tremblant, elle s’accroupit davantage dans son recoin qui lui sert d’abri.
Une autre déflagration transperce l’air. Les lourdes colonnes de pierre grondent cette fois. D’habitude si imposantes, elles paraissent aussi frêles que des fétus de paille dans le chaos ambiant, incapables de supporter la voûte de pierre fissurée et crevée sur le ciel. Ariaé remarque que ce dernier est d’un bleu éclatant, pas même taché d’un nuage. La beauté du temps détonne avec la situation. C’est une belle journée pour mourir.
La jeune femme secoue la tête pour chasser ses idées noires et lève les yeux sur le lustre accroché au plafond du sanctuaire ; il oscille dangereusement. Quelques bougies s’en décrochent et tombent au milieu de la pièce sur les dalles défoncées.

La po ussière la fait tousser. Sa main chasse les fines pellicules et elle parcourt des yeux la foule agglutinée dans l’enceinte sacrée. Son mari doit s’y trouver. Il a promis ; lui, et le chef du village. Ils ont tous promis qu’il ne se battrait pas, qu’il resterait avec elle. Alors pourquoi n’est-il pas là ? Pourquoi la seule chose qu’elle voit est le regard larmoyant des femmes et des enfants ou celui exorbité des vieillards ? Comme elle, ils se sont réfugiés dans le temple de la Déesse Engélion, et comme elle, ils savent qu’aussi solide et sacré qu’il puisse être, il n’empêchera pas l’homme qui massacre leurs maris, pères et frères dehors de rentrer pour les égorger.
Mais où fuir ? Au moins ici, ils prient ensemble en attendant la mort. Et c’est peut-être ce qu’elle devrait se résoudre à faire. Ses yeux se brouillent de larmes alors qu’ils glissent sur son ventre.
Elle va mourir. Elle va mourir sans jamais connaître le visage de l’enfant qu’elle porte en elle depuis huit mois. L’enfant qu’elle chérit déjà plus que tout au monde. Elle ne lui aura rien apport é . Pas même la protection.
Tous ces jours heureux aux côtés de son aimé à construire sa chambre, ces moments passés à imaginer tous les prénoms possibles et inimaginables à lui donner, ceux à rêver au bord de la falaise sur leur nouvelle vie de parents, serrés l’un contre l’autre… Tous ces souvenirs s’ échapperont avec son dernier souffle quand la mort lui aura transpercé l ’ âme et le cœur , et il n’en restera plus rien. Cette vie de mère, elle ne la connaîtra jamais. Pourtant, elle en a tant rêvé… Elle l’a désirée si fort…
Une explosion plus proche que les autres crève la bulle de ses réminiscences. La réfugiée lève le nez de ses bras et, telle une lumière dans l’obscurité, aperçoit le visage familier du chaman. Ce dernier, sacoche et bandages sous le bras, s’agite entre les blessés.
— Par la Lumière ! Cessez de prier et soignez-vous !
— Avram ! appelle la jeune femme.
Le soulagement de ce dernier de la voir en vie transpire à travers toutes les expressions de sa figure. L’homme se débarrasse de ses pansements en les donnant à son apprenti et s’élance vers elle. Arrivé à sa hauteur, le vieux chaman la saisit par les épaules et l’aide à se relever de son trou. Son visage d’âge m û r semble avoir pris plusieurs décennies. Le cœur d’Ariaé se crispe quand elle remarque les larmes qui ont sillonné ses rides. Si Avram pleure, c’est que tout est perdu.
— Ariaé ! Tu n’es pas blessée ? Et le bébé ? s’enquit-il en lui touchant le ventre.
— Mon ami, nous sommes perdus, n’est-ce pas ?
Sa main se pose sur celle, rugueuse, de l’homme. Il ne répond pas de suite, mais n’en a nullement besoin. Toute sa détresse et son affliction transpercent l’iris bleu de ses yeux.
— Rien ne l’arrêtera dans sa folie… Demain, Anima ne sera qu’un tas de cendres mélangées aux larmes et au sang… tu dois fuir !
— Pas sans Tharos !
— Ton mari est mort, ma chérie… mais la dernière petite partie de lui que tu portes dans ton ventre est vivante, elle ! Le Fenhir est venu pour te tuer, comme toutes les autres !
Une explosion juste à l’orée de la porte transperce les tympans des réfugiés. Ils hurlent de terreur. Mais Ariaé ne les entend pas. Le choc cogne si fort que sa tête s’enfonce dans ses épaules. La vue d’Avram se trouble sous ses yeux, rongée par une tache noire. La poigne vigoureuse sur ses bras la ramène à elle.
— … Fuir ! Tu dois fuir ! Il y a une trappe sous l’autel. Vas-y et cours te mettre à l’abri dans la forêt !
— Le… le village…
— Nous serons tous auprès d’Engélion après notre mort. Mais tu ne dois pas mourir ! Pas tout de suite… Ton enfant n’est pas comme les autres, je l’ai vu dans mes visions ! Et le Fenhir le sait ! Il…
Un fracas assourdissant parsemé d’éclats d’ordres hurlés ponctue sa phrase. La lourde porte en ébène subit à présent les assauts des soldats. Un bélier éventre progressivement le dernier rempart qui sépare les survivants de la mort. Avram ne laisse pas le temps à Ariaé de réfléchir plus longtemps. Il la pousse en direction de l’autel sans ménagement.
— Fuis ! Fuis le plus loin possible !
Fuir.
Il n’y a plus que ce mot qui résonne dans le corps d’Ariaé et terrasse sa peur.
Fuir.
Sauver son enfant. Elle ferait volontiers don de sa vie si cela pouvait assurer celle du bébé, mais elle ne le peut. Sa survie à lui dépend malheureusement de la sienne.
La jeune femme se jette au pied de l’autel et tombe lourdement au sol. Un cri aigu s’échappe de sa gorge. Une main sur son ventre, l’autre occupée à soulever un tapis, elle découvre finalement la trappe dissimulée. Les lèvres pincées, elle la lève de toutes ses forces. Une douleur lui déchire le ventre et le bas du dos. Une douleur qu’elle n’avait encore jamais ressentie.
Essoufflée, elle se faufil e non sans peine sur l’étroite échelle qui mène aux entrailles du sanctuaire. Ses mains glissent tant elles sont moites, aussi elle manque de tomber. En un ultime effort, la fugitive lève difficilement le bras pour attraper la trappe et la refermer sur elle.
Le silence l’étourdit. Les ténèbres l’avalent. Et avec eux, la vision des soldats du Fenhir en train de tuer un groupe de femmes. Un groupe de femmes avec qui elle a étroitement partag é son quotidien. La honte et la culpabilité la rongent alors qu’elle s’enfonce à l’aveugle dans les ténèbres, haletante de peur.
Une odeur d’humidité lui saisit la gorge. Ses pieds rencontrent rapidement un fond d’eau. Elle se tourne, et aperçoit au loin une lumière blanche, la sortie du passage.
S’y faufiler s’avère difficile. Une douleur irradie dans tout son ventre, certainement les efforts peu recommandés qu’elle vient d’effectuer  ; elle espère que ce n’est que cela . La fuyarde déglutit , s’essuie le front et ravale sa peine. Elle doit avancer, c’est la priorité ; elle réfléchira plus tard. Ariaé s’exécute, la main sur la paroi en guise de repère.
Le mur de lumière l’aveugle quand elle le traverse, mais l’air frais qui emplit ses poumons la console vite de cette peine. S’habituant peu à peu à la luminosité, elle reconnaît les arbres si particuliers de sa forêt natale. L’odeur de bois br ûlé la rappelle à l’ordre : le danger reste proche, il faut fuir.
Ariaé parvient à couvrir les quelques précieux mètres, s’agrippant d’arbre en arbre et portée par la volonté de fuir. Mais la douleur dans son ventre devient trop forte. Son corps entier est secoué de spasmes. Elle est trempée de sueur.
Trop d’ailleurs. Elle ne devrait pas être autant mouillée. Son cœur se compresse d’angoisse au fur et à mesure que son regard se baisse sur sa robe. Souillée. Elle a perdu les eaux.
— Non… non, par pitié, non…
Un terrible mal lui répond et transperce son corps. Elle tombe à genoux, mordant jusqu’au sang sa main pour ne pas hurler et attirer l’attention sur elle.
Accoucher là ? Près de ce champ de cadavres et de ruines ? Près de ce danger ? Hors de question. Elle s’ordonne de tenir jusqu’au village voisin. Elle tente de se relever, mais une violente vague de douleur la submerge et la cloue sur place. Ariaé gémit et roule sur le dos, une prière accrochée aux lèvres. Accoucher plus loin n’est pas envisageable. Qu’elle le veuille ou non, ce sera ici.
La fugitive rampe sous un arbre et tente de calmer la panique qui lui pénètre le cœur. Il faut se remémorer les gestes qu’elle a effectués la dernière fois qu’elle a accouché sa meilleure amie. Mais tout s’embrouille dans son esprit épuisé.
Heureusement, la nature reprend ses droits et la guide.
De longues minutes douloureuses et intenses se passent. La jeune femme perd énormément de sang. Au bout d’un ultime effort, le bébé apparaît. Ariaé s’empresse de le saisir maladroitement dans ses bras gourds et dénués de force.
Une petite fille.
Une minuscule petite fille. La plus belle chose qu’elle ait jamais vue.
Les larmes de bonheur abreuvent les sillons des précédentes. Elle ressemble à son père. Elle a le même nez fin.
Ariaé pousse un profond soupir et

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